Les dinosaures sont-ils des lézards?
dinosauresignifie
lézard terriblement grand...
Le groupe des lézards au sens large (les squamates) ne possède pas les caractéristiques spécifiques des dinosaures. Ils ont des caractères qui leur sont propres et qui ne sont pas présents chez les dinosaures, par exemple au niveau du crâne, la fenêtre temporale inférieure est ouverte ventralement (il y a disparition de l'os quadratojugal qui existe chez tous les dinosaures).
Comparaison schématique de la structure du crâne type d'un dinosaure (archosaure) et de celui d'un lézard (squamate).
Les dinosaures ont une fenêtre (ouverture) supplémentaire en avant de l'orbite. Dinosaures et lézards ont deux fenêtres en arrière de l'orbite, mais celle des lézards est ouverte en dessous, il leur manque l'os quadratojugal.
j = os jugal, m = os maxillaire, p = os pariétal, po = os postorbital, q = os carré, qj = os quadratojugal, sq = os squamosal.
Modifié d'après Gretarsson et Preto(m).
Différences de locomotion
Dinosaures et lézards ont également un mode de déplacement très différent. La plupart des lézards ont des membres transversaux et leurs pieds reposent à plat sur le sol. Quand ils marchent, la patte avant gauche avance en même temps que la patte arrière droite et la patte avant droite en même temps que la patte arrière gauche, et le corps se déplace par ondulations. Ce n'est pas le cas chez les dinosaures.
À gauche: les dinosaures ont les membres postérieurs en position verticale.
À droite, comme les crocodiles, les lézards ont les membres postérieurs presque latéralement sous leur corps.
Un groupe caractéristique
Les squamates sont des vertébrés au corps allongé muni d'une longue queue qui traine par terre. Le terme squamate
fait référence à leur peau constituée d'écailles cornées mobiles, qui se renouvelle périodiquement (mues).
Les squamates sont caractérisés notamment par leur os carré mobile (c'est l'os du crâne s'articulant avec la mâchoire), on parle de streptostylie
. Associé à un coulissement possible des os du crâne (kinétismes
), les os de la mâchoire et de la boîte crânienne peuvent se déboîter, permettant l'ingestion de proies de grande taille. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les serpents. On le retrouve dans une moindre mesure chez certains dinosaures comme Allosaurus.
Les squamates sont à sang froid
(poïkilothermes), ils sont donc particulièrement sensibles à un rythme d'activité journalier et saisonnier puisqu'ils ont besoin du soleil pour se réchauffer. Lors de la saison froide, ils hibernent. Mais cela n'empêche pas les lézards de se répartir jusqu'au cercle polaire arctique.
Un lézard vert arboricole de République Dominicaine (Anolis callainus).
Photo: Arnaud Salomé.
On peut également citer chez tous les squamates la présence d'une langue bifide caractéristique, leur permettant de flairer leur environnement.
Les squamates sont très diversifiés et comprennent environ autant d'espèces que les dinosaures actuels, soit le double des espèces de mammifères. On y trouve des formes rampantes (serpents), des fouisseurs (orvets, amphisbènes); certains sont capables de marcher au plafond (geckos), de changer de couleur (caméléons), de courir sur l'eau (Basilic vert), de nager (Iguane marin des Galapagos), de voler en planant (lézards du genre Draco), etc. Leur taille varie de 12 mètres du mosasaure à 16-18 mm du gecko Sphaerodactylus ariasae, le plus petit vertébré connu.
Parmi les reptiles marins, les célèbres mosasaures font partie des squamates. C'est un groupe entièrement fossile, ils ont complètement disparu il y a 66 millions d'années.
Les lézards au sens strict font partie de la famille des Lacertidés (300 espèces), ils possèdent une capacité d'autotomie de la queue: lorsqu'ils sont saisis par un prédateur, leur queue se sépare du reste du corps, continuant à bouger quelques instants, ce qui leur laisse le temps de s'échapper. Ils sont majoritairement insectivores.
Un lézard des murailles (Podarcis muralis).
Photo: Arnaud Salomé.
Une confusion historique entre dinosaures et lézards
Au moment de décrire scientifiquement le premier dinosaure (Megalosaurus), les restes fragmentaires ne permettaient pas de se faire une bonne idée de l'animal en entier, d'autant plus qu'on ne connaissait pas encore grand chose de ces animaux. Megalosaurus est alors décrit comme une sorte de lézard. Ainsi, les premières illustrations des dinosaures les représentent comme de gros lézards géants, en position quadrupède avec les pattes disposées sur les côtés et une longue queue trainant sur le sol. Les recherches ultérieures, dès Richard Owen, ont permis de rectifier ces idées, de corriger les proportions et postures et de démontrer que les dinosaures ne sont effectivement pas des lézards.
Représentation d'Iguanodon en dinosaure-lézard en 1838, une conception abandonnée depuis.
Nibbs, in G. F. Richardson, Sketches in Prose and Verse (London: Relfe & Fletcher, Cornhill, 1838).
Sur le plan évolutif, lézards et dinosaures sont bien sur deux branches différentes, et qui se sont séparées il y a environ 300 millions d'années. Le terme saurien
a lui aussi évolué, signifiant maintenant reptile
au sens large et non plus seulement lézard
.
Arbre phylogénétique simplifié montrant les relations de parenté entre les dinosaures et les lézards (squamates).
D'après Ceballos V. G., Brusatte (2011) et La classification phylogénétique du vivant, T.2 (2017).
Chronologie simplifiée des diapsides, au sein de l'histoire de la vie sur terre, avec détail des squamates.
La position des sauroptérygiens est encore incertaine: proche des archosaures (archosauriformes), des lépidosaures (lépidosauriformes) ou des tortues (pantestudines). Consulter la chronologie plus détaillée des dinosaures.
Nombreuses sources, dont La classification phylogénétique du vivant, Bardet (2014) et Simões (2018).
Illustration du titre: Un dinosaure se nourrit d'un lézard. La scène pourrait être inspirée du Compsognathus, dont le squelette a été découvert dans ce type d'environnement et avec les restes d'un lézard à l'emplacement de son estomac.
Artiste: Simon Stalenhag.
Pour en savoir plus
Article publié par Arnaud Salomé, .