La revue
Science publie aujourd'hui une étude du paléontologue Lawrence M. Witmer, selon laquelle les narines externes des dinosaures seraient en fait en avant de la tête et non au sommet de leur nez, contrairement à ce qu'on les représente aujourd'hui. Ainsi, une partie charnue des narines (qui ne se fossilise pas) ramènerait l'orifice du nez bien en avant de la tête: en position rostrale.
Le positionnement de la narine rostrale peut sembler accessoire chez l'homme et de nombreux animaux, en raison de la petitesse de leur nez. Mais chez les dinosaures, l'ouverture de la narine osseuse peut mesurer plus de 60cm, soit la moitié de la longueur du crâne, ce qui pose la question de la position exacte de la petite narine charnue, par où s'effectue la respiration.
Historiquement, au 19
e siècle, les paléontologues pensaient que les Sauropodes étaient incapables de quitter les lacs et les marais où la poussée d'Archimède les aidait à soutenir le poids de leur énorme corps et leurs narines devaient être ainsi haut placées sur la tête pour servir de "tuba". Cette conception fut largement acceptée jusqu'à la fin des années 1960 puis fut totalement abandonnée, alors que la position des narines n'avait presque jamais été remise en cause.
M. Witmer a étudié la relation entre la narine osseuse et la narine charnue chez 62 animaux parmi les plus proches des dinosaures (45 espèces d'oiseaux, de crocodiles et de lézards). L’analyse de crânes fossiles de dinosaures, et particulièrement des sillons laissés par le réseau sanguin, montre que la partie avant du nez était très irriguée, ce qui tend à confirmer les observations faites sur les animaux modernes. Ainsi, il a été possible de reconstituer une cavité nasale, avec cartilage, vaisseaux sanguins et autres tissus.
Il faudra donc peut-être revoir la façon de représenter le crâne des dinosaures et les redessiner comme sur les deux exemples ci-dessous. De plus, la présence de narines en position rostrale chez les dinosaures pourrait avoir eu des conséquences sur la façon dont ils respiraient, chassaient ou contrôlaient leur température interne et cette donnée physique pourrait fournir de nouvelles explications sur la capacité d'adaptation des grands Sauropodes.
Selon cette étude, les narines du T.rex sont ramenées vers l'avant...
... et les narines du Diplodocus 'migrent' encore plus, puisque l'ouverture osseuse se situe sur le sommet du crâne.