Le Saviez-vous ?
Le doyen des dinosaures Sauropodes?
Nous vous l'annoncions le mois dernier, un dinosaure vieux de 210 millions d'années a été découvert dans le Nord-Est de la Thaïlande. Son âge en ferait le doyen de la Super-Famille des Sauropodes, les plus grands animaux ayant jamais existé. Sa découverte est parue dans la revue Nature, du 7 septembre:
Isanosaurus attavipachi
Ce nouveau fossile vient d'un animal encore jeune, de 6,5 mètres de long, baptisé Isanosaurus attavipachi par ses découvreurs: Eric Buffetaut (du CNRS, Paris) et ses collègues du Geological Survey of Thailand, de l'Université de Bristol (Grande-Bretagne) et du Musée des dinosaures d'Espéraza (Aude). "Isanosaurus" signifie reptile d'Isan (la région de sa découverte) et "attavipachi" a été choisi en l'honneur de Preecha Attavipach, ancien directeur du service géologique thaïlandais reconnu pour son grand soutien matériel et moral à la recherche paléontologique.
Histoire de sa découverte
Sa découverte a été faite grâce à un thaïlandais, chasseur d'écureuil volant: "S'arrêtant pour fumer une cigarette, cet homme a remarqué dans le sol quelque chose qui brillait au clair de la lune. Comme les Thaïlandais savent que leur terre possède de véritables trésors paléontologiques, il a eu la présence d'esprit d'aller le signaler aux autorités", a raconté Eric Buffetaut à l'AFP... Aussitôt une équipe internationale s'est constituée et ce sont pas moins de quatorze os plus ou moins complets (vertèbres, côtes, omoplate, fémur...) qui ont été mis au jour en 1998.
Les restes exhumés d'Isanosaurus, bien qu'ayant certains caractères primitifs, le différencient nettement des prosauropodes, un groupe dont il existe quelques spécimens triasiques.
Depuis la rédaction de l'article pour Nature, un autre dinosaure, de quinze mètres de long a été trouvé à proximité, a révélé Eric Buffetaut. "Nous ignorons pour l'instant s'il s'agit de la même espèce, mais on peut imaginer que le premier aurait également atteint à l'âge adulte à peu près cette taille", ajoute le scientifique français.
Un dinosaure exceptionnel
Ce n'est pas son état de fossilisation qui est intéressant, mais l'époque précoce à laquelle il a vécu: 210 millions d'années (fin du Trias supérieur). On savait déjà les Sauropodes, ces paisibles herbivores quadrupèdes, omniprésents dans la faune du Jurassique (208 à 146 M.A.) et du Crétacé (146 à 65 M.A.). Leur présence au Trias n'était que soupçonnée, grâce à des empreintes fossilisées. "Et encore, s'exclame Eric Buffetaut, ces empreintes sont très discutables et personne ne peut les attribuer avec certitude à des dinosaures sauropodes. En revanche, on avait depuis longtemps soupçonné l'existence de sauropodes dès le Trias supérieur. L'Isanosaure nous la confirme."
Cette découverte ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire des grands dinosaures sauropodes, qui sont donc bien apparus avant la période rendue célèbre par le film Jurassic Park. Ils ont ensuite largement dominé la faune terrestre pendant près de 150 millions d'années, avant de disparaître avec tous les autres dinosaures il y a 65 millions d'années.
Pour en savoir plus...
Position des Sauropodes dans la classification
Sur La Terre des Dinosaures:
Description des Sauropodes / Leur mastication
Sauropodes célèbres: Barosaurus, Apatosaurus (=Brontosaure), Diplodocus, Brachiosaurus
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La DinoActualité
Comment les Sauropodes se servaient-ils de leur cou?
Voilà une question qui peut paraître étrange, mais qui revient régulièrement sur le devant de l'actualité. En effet, l'imagerie traditionnelle représente le Diplodocus broutant les hautes branches des arbres, le cou, long de 6 mètres, gracieusement ployé comme celui d'un cygne. Spielberg, grand "dinosorologue" d'Hollywood, nous les avait ainsi montrés, tels des girafes préhistoriques.
Mais depuis quelques années, de nombreuses études sont en train de remettre cette conception en question. Deux approches sont utilisées, aboutissant à peu près aux mêmes conclusions:
Tout d'abord, le cou du Diplodocus est passé par la modélisation informatique. La taille, la forme des vertèbres cervicales,etc. ont été modélisés, ce qui a fait au total près d'une trentaine de paramètres pour chacune des 15 vertèbres cervicales.
Ainsi, une reconstitution en trois dimensions a permis de comprendre la position du cou et sa flexibilité, en fonction des contraintes biomécaniques. Grâce à la souris -de l'ordinateur- les chercheurs ont imposé des flexions maximum aux cous, sans aller jusqu'au torticolis.
Résultat: sur l'écran, les animaux broutent sur un rayon de 4 mètres. Plutôt qu'une allure de girafe, le Diplodocus avait l'élégance de bovins... à très longs cous et se nourissaient de fougères, cycas, prêles, plutôt que des branches de conifères et de ginkgos. Ces interprétations ont été reprises par les scientifiques et les animateurs de la célèbre série Sur La Terre Des Dinosaures, pour arriver à remarquablement faire revivre ces animaux dans l'épisode 2. Le réalisme y est saisissant: quand un Diplodocus marche, on sent bien l'effet du poids sur sa peau qui tremble.
Une approche radicalement différente vient de la part des physiologistes, qui tentent de comprendre la biologie de ces gigantesques animaux terrestres. C'est le cas, entre autres, de Roger Seymour, de l'Université d'Adélaïde, en Australie, qui après avoir passé 24 ans de sa vie à étudier le cur et la pression artérielle de divers mammifères et reptiles, vient de publier ses résultats dans deux revues.
Ce qui interpelle ces scientifiques, c'est que pour pomper du sang jusqu'à une tête située à une hauteur de 15 mètres, il faudrait un cur absolument énorme. Selon les calculs de Roger Seymour, un gros dinosaure comme le Barosaurus, par exemple, aurait eu besoin pour lever la tête d'un cur avec un ventricule droit pesant deux tonnes à lui seul.
Une situation impossible, non seulement parce qu'un tel cur prendrait trop de place dans le corps, mais aussi parce que sa paroi serait si épaisse (en raison de l'énorme pression artérielle) qu'il faudrait plus d'énergie pour la déformer que pour pomper le sang en tant que tel. Un si gros muscle consommerait d'ailleurs autant d'énergie que le reste du corps...
Mais le problème n'est pas résolu pour autant! Si, pour le Diplodocus, la solution semble relativement claire, ce n'est pas encore le cas pour tous les Sauropodes.
En effet, certains scientifiques pensent qu'il est tout à fait possible que les Sauropodes aient développé des curs auxiliaires ou un système de siphon. Un métabolisme très lent autoriserait aussi un cur plus petit.
Pour mettre fin à la controverse, il faudrait retrouver des fossiles avec des traces d'organes, ce qui est hautement improbable. Il n'y a plus qu'à attendre que la chance sourie aux paléontologues...
Pour en savoir plus...
Voir la rubrique "Le Saviez-vous?" (Le doyen des dinosaures sauropodes)
Le deuxième épisode de la série Sur la Terre Des Dinosaures
La fossilisation des organes: un événement rarissime
Les dinosaures de Jurassic park 3
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