Archives des actualités paléontologiques (p.7)

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7 Mars 2004

Dinosaures

Exceptionnels dinosaures européens

Comme ce qui a été annoncé il y a quelques jours sur le forum de DinoNews, des ossements de 2 importants dinosaures ont été découverts: le premier Allosaure français et un Titanosaure espagnol de probablement 35 mètres de long, rivalisant avec les plus grands Sauropodes (Paralititan, Argentinosaurus)...

Commençons avec l'annonce de l'Allosaure français, premier spécimen d'un dinosaure super-star, le plus gros prédateur terrestre du Jurassique. Le fossile, une mâchoire inférieure et supérieure (dentaire et maxillaire), a été récolté par M et Mme Anicolas, membres de l'association Geo Paléo Archéo, d'Houlgate (Calvados) un matin d'octobre 2002.
Grâce au coup d'œil expert des 2 responsables de l'association, Thierry Rebours et Françoise Hébert, le fossile a été reconnu et identifié tout d'abord comme dinosaure carnivore. Il faut attendre seize mois et l'avis de Philippe Taquet, paléontologue et ancien directeur du Muséum national d'histoire naturelle de Paris (de 1985 à 1990) pour que le verdict tombe: la mâchoire retrouvée est celle d'un Allosaure.

Si ce dinosaure a vécu principalement dans ce qui correspond aujourd'hui à l'Amérique du nord, il n'est cependant pas étonnant de le retrouver en Europe, puisque à cette époque, ces deux continents étaient reliés par de larges bandes de terre: l'océan Atlantique commençait juste à s'ouvrir. Mais les sédiments dans lesquels a été exhumée la mâchoire de l'Allosaure français correspondent à un site marin... Le Compsognathus est un cas similaire, puisqu'il s'est fossilisé en pleine mer. Cela ne veut pas dire pour autant que les dinosaures étaient des animaux marins. En effet, plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène:
- le dinosaure est mort sur le continent, mais sa carcasse a été transportée vers la mer par les eaux d'un fleuve. Lorsque ce ne sont que quelques ossements qui sont transportés, les os montrent dans ce cas une usure particulière;
- le dinosaure était en train de traverser un bras de mer à la nage pour rejoindre une île;
- le dinosaure est mort dans une zone littorale, zone qu'il aurait pu parcourir à la recherche de nourriture (cadavres d'animaux marins,...).

Après en avoir fait un moulage pour le Muséum une fois nettoyée de sa gangue d'argile, cette mâchoire restera dans un salon de la région parisienne, chez ses inventeurs.

Pour un récit de cette découverte, ainsi que des informations complémentaires sur les dinosaures de Normandie: rendez-vous sur le site de l'association Géo Paléo Houlgate.

Voir aussi: DinoActualité du 21 février 2001, sur la technique de chasse de l'Allosaure.

Source: Ouest-France

25 Mai 2004

Dinosaures

Découverte de pistes de dinosaures jurassiques

Depuis quelques jours, l'excitation gagne un petit village du Jura. Le motif: la découverte d'un grand nombre d'empreintes de dinosaures sur le bord d'une route!

Les scientifiques viennent d'arriver sur le site (situé au nord de Nantua, à proximité de la frontière helvétique), qui s'annonce prometteur: en effet, le dégagement des empreintes n'est pas fini et plus la terre qui les recouvrait est dégagée, plus on retrouve des empreintes... Jusqu'à présent, il a été possible de reconnaître quelques pistes de Sauropodes. Il semblerait qu'il y ait également des empreintes de Théropodes, à confirmer.

De nouvelles informations seront disponibles ici dès que possible...


Photos: Cécile Franco-Rogelio

6 Juillet 2004

Dinosaures

Les Spinosaures avaient une dent contre les Ptérosaures

Dent coincée dans vertèbre de Ptérosaure
Dans un article paru il y a quelques jours dans la revue Nature, le paléontologue Eric Buffetaut décrit un os de Ptérosaure dans lequel s'est encastrée une dent...

Le fossile est daté d'environ 100 millions d'années et a été retrouvé au Brésil. La dent plantée dans la vertèbre du Ptérosaure appartenait logiquement à un prédateur; il ne restait plus qu'à retrouver lequel. Le travail d'Eric Buffetaut a donc consisté à comparer cette dent conique avec tous les fossiles de carnivores brésiliens de cette période, notamment les crocodiles et les dinosaures. Finalement, c'est un candidat surprenant qui a été retenu, puisqu'il s'agit d'un Spinosaure brésilien: Irritator challengeri.

Habituellement, on attribue aux Spinosaures un régime piscivore: leurs nombreuses mais petites dents leur servant d'hameçons certainement très efficaces pour la capture des poissons. Seulement, pour nourrir un Spinosaure de 15 mètres de long, il aurait fallu d'énormes quantités de poissons, alors que leurs milieux de vie étaient probablement assez chauds (la voile du Spinosaurus lui permettait de réguler efficacement sa température corporelle), donc vraisemblablement peu riches en rivières poissonneuses... Voilà qui résoudrait peut-être une partie de ce mystère.
Cependant, impossible de savoir si ce Spinosaure dont la dent s'est coincée dans l'os de sa proie était en train de chasser le Ptérosaure ou s'il s'est nourri d'une carcasse. On pourrait également imaginer le Spinosaure happer un Ptérosaure en train de décoller, ce qui explique qu'il y aurait laissé sa dent...

Il existait également un autre Spinosaure au Brésil à cette époque, il s'agit de Angaturama limai (mais certains le considèrent comme la forme juvénile d'Irritator challengeri).
Ce fossile (3 vertèbres cervicales, appartenant à un animal d'environ 3,3 mètres d'envergure) extrêmement rare nous permet donc de rajouter un plat au menu d'Irritator challengeri et donc de probablement tous les Spinosaures.

Référence de l'article: E.BUFFETAUT, D.MARTILL & F.ESCUILLIÉ, 2004; Pterosaurs as part of a spinosaur diet; Nature 430: 33 (01 July 2004).
Illustration: Alain Bénéteau; photo: Eric Buffetaut.

Pour en savoir plus: La revue Pour La Science publie comme par hasard dans le numéro de ce mois-ci un article très complet... d'Eric Buffetaut: Les Ptérosaures, conquérants des airs!

Source: Nature, 01/07/2004

4 Octobre 2004

Dinosaures

Semaine spécial dinos sur Planète

A partir d'aujourd'hui, sur la chaîne Planète, semaine spécial "DES DINOSAURES ET DES HOMMES"...

Parmi les documentaires proposés: Les bébés dinosaures (mercredi). Une rediffusion de l'Odyssée de l'espèce, d'Yves Coppens est également prévue. Sur son site internet, la chaîne donne quelques infos supplémentaires et des liens que vous connaissez sûrement si vous êtes un habitué de Dinonews! Un jeu concours est même proposé.

Pour en savoir plus: Informations complémentaires sur le site de la chaîne Planète

29 Mars 2005

Dinosaures

Des tissus de T.rex préservés?

Intérieur de l'os de T.rex
Des chercheurs américains ont annoncé dans la revue Science avoir découvert des traces de tissu non fossilisés dans un os de T. rex âgé de 70 millions d'années.

C'est lors du dégagement du squelette que le fémur de ce dinosaure a été brisé, révélant d'étranges structures à l'intérieur de l'os. Selon la paléontologue Mary Higby Schweitzer, ces tissus seraient comparables aux vaisseaux sanguins que l'on trouve dans les os d'autruches actuelles. De plus, on pourrait y trouver ce qui ressemble à des cellules sanguines.
Il est très rare de retrouver des tissus intacts pour des animaux fossiles. En effet, les êtres vivants ne peuvent se conserver très longtemps que s'ils se fossilisent. Or au cours du processus de fossilisation, la matière vivante est remplacée par de la matière minérale, plus résistante. Les fossiles obtenus sont donc des roches, ressemblant exactement à l'animal disparu. Mais toutes les molécules du vivant (glucides, lipides, protéines, ADN,...) sont alors irrémédiablement perdues.

Dans le cas de ce Tyrannosaure de 18 ans, les tissus ont pu se conserver intacts au coeur de l'os qui s'est fossilisé. D'ailleurs, les photos montrent effectivement des structures fibreuses qui semblent intacts. Pourrait-on y trouver des protéines conservées, ainsi que des cellules intactes, contenant de l'ADN? Est-on encore loin de Jurassic Park? Ces questions expliquent à elles seules l'engouement suscité par la "découverte" annoncée. Le problème, c'est que les tissus n'ont pas encore été analysés, donc il n'y a pour l'instant aucune preuve d'avoir retrouvé des tissus vivants. On peut d'ailleurs se rappeler l'histoire du fameux Willo, un dinosaure du genre Thescelosaurus, chez lequel on avait cru retrouver un cœur fossilisé. Malheureusement, quelques années plus tard, les analyses ont fini par conclure que ce qui avait été pris pour un organe fossilisé n'était en fait qu'un fragment de nodule, donc une roche n'ayant aucun rapport avec le fossile...
Il est donc recommandé la plus grande prudence dans ces annonces médiatiques qui ont souvent pour but de financer les recherches de quelques labos peu scrupuleux. Il est vrai que le côté superstar des dinosaures encourage ces pratiques et ce ne sont pas les fous de dinos qui vont s'en plaindre...

Référence de l'article: Tyrannosaurus rex Soft Tissue Raises Tantalizing Prospects, Science, 2005 307: 1852.

Source: Science, vol. 307

30 Mars 2005

Dinosaures

Les premiers dinosaures du Kenya

Pour la première fois, une expédition paléontologique a découvert des dinosaures au Kenya. Les fossiles ont été mis à jour au nord-ouest du Kenya, près du lac Turkana.
La quantité d'ossements est impressionnante: on parle de plus de 200 dinosaures! Parmi ces dinosaures, plusieurs semblent correspondre à de nouvelles espèces. Théropodes proches du T.rex, Sauropodes (Apatosaures?), Hadrosaure (probablement proche du Camptosaurus ou de l'Ouranosaurus)... le gisement, daté du Crétacé (~90 à 80 millions d'années), semble prometteur. L'étude scientifique a commencé, mais elle devrait durer de nombreuses années avant de livrer les secrets de tous ces fossiles.

Source: AFP

31 Mars 2005

Dinosaures

Dinosaure-oiseau ou Oiseau-dinosaure?

Un nouveau squelette chinois vient d'être décrit récemment. Baptisé Jinfengopteryx elegans, sa conservation est exceptionnelle et permet de voir des plumes recouvrant tout le corps de l'animal.

Le Jinfengopteryx a été découvert dans un gisement de la province de Hebei, près de la région du Yixian en Chine, un site unique au monde ayant déjà livré tant de dinosaures à plumes et d'oiseaux primitifs.
Les paléontologues qui ont décrit le Jinfengopteryx l'ont considéré comme un oiseau primitif, mais l'analyse de ses caractères semble plutôt le rapprocher des dinosaures, et notamment du groupe des Troödontidés. Compte-tenu de la datation approximative de son gisement (fin Jurassique ou début Crétacé), Jinfengopteryx pourrait ainsi être un Troödontidé primitif, en tout cas le seul de ce groupe conservé avec des plumes.

Le Jinfengopteryx Schéma d'interprétation de la photo du Jinfengopteryx

Des structures ovales sont observables dans l'abdomen: il pourrait s'agir d'œufs ou de la nourriture avalée par ce dinosaure avant sa mort (graines, noisettes?), ce qui constituerait là encore une première chez les Troödontidés.

Source: DINOSAUR.NET.CN

2 Avril 2005

Dinosaures

Des plumes aux pattes

Un nouveau dinosaure à plumes vient d'être décrit et baptisé Pedopenna daohugouensis. Il appartient aux Eumaniraptora, un groupe de Cœlurosaures.

Les seuls ossements découverts correspondent à une patte arrière, extrêmement bien conservée. On peut nettement y remarquer des plumes (ou des proto-plumes). Il s'agirait donc d'un dinosaure qui pouvait se servir des ses pattes arrière comme d'une deuxième paire d'ailes.
Jusqu'à présent, il n'y avait qu'un seul dinosaure décrit avec 4 ailes, il s'agit de Microraptor gui, décrit en 2003. Pedopenna daohugouensis apporte donc un nouvel argument à une toute nouvelle théorie expliquant l'apparition du vol chez les dinosaures ancêtres des oiseaux, d'autant qu'il est plus âgé que le Microraptor, puisque le gisement où il a été découvert est daté du Jurassique supérieur, ce qui lui fait peut-être 145 millions d'années selon le paléontologue Xing Xu.

Pedopenna daohugouensis
Photo du Pedopenna daohugouensis et détail de ses plumes attachées aux pattes arrière (cliquer pour aggrandir).

Source: DINOSAUR.NET.CN

6 Avril 2005

Mammifères

Retour sur actu: Quand les mammifères chassaient les dinosaures

Repenomamus, mammifère dévoreur de dinos
Au mois de janvier est paru dans la revue Nature comment une équipe sino-américaine a eu la surprise de dénicher, dans l'estomac d'un fossile de mammifère datant du Mésozoïque, les fragments d'un squelette désarticulé d'un jeune dinosaure.

Depuis quelques temps déjà, certains paléontologues soupçonnaient les mammifères de n'être pas seulement de petits animaux nocturnes insectivores, survivant à l'ombre menaçante des dinosaures jusqu'à leur extinction il y a 65 millions d'années. Mais aucun fossile complet n'était venu renforcer leur hypothèse jusqu'à la récente découverte de Yaoming Hu, de l'Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie, et de ses collègues.

Deux espèces de dinosaures ont en fait été mises à jour. La première, Repenomamus robustus, déjà connue, correspond à un mammifère d'environ 50 cm de long; quant à la 2e espèce, nommée Repenomamus giganticus, elle mesurait plus d'un mètre de long et devait ressembler à un blaireau.
Ce qu'il y a d'intéressant dans ces découvertes, c'est que des os d'un bébé Psittacosaurus d'environ 14 cm de long ont été retrouvés à l'emplacement de l'estomac du Repenomamus robustus, ce qui constitue la première preuve directe que quelques mammifères primitifs se sont nourris de petits vertébrés, y compris de jeunes dinosaures (voir photo). Or, si le R. robustus pouvait parvenir à manger un dinosaure, alors son grand frère, R. giganticus, le pouvait certainement lui aussi...
L'idée que Repenomamus a mangé de jeunes dinosaures est très plausible car les os de dinosaure trouvés avec le R. robustus sont d'un individu seul et certains sont encore articulés, ce qui rend peu probable qu'ils aient été délogés là d'un autre lieu après la mort de l'individu. L'articulation des os suggère également que Repenomamus ait déchiré les membres de sa proie du corps de l'animal avant de les engloutir sous forme de gros morceaux. Cette théorie est soutenue par le fait que les dents de ces mammifères sont pointues, sans molaires. Pour confirmer que le Psittacosaurus a été mangé, il faudrait encore rechercher la corrosion sur ses os par les acides digestifs. Les mammifères carnivores ont aujourd'hui en effet les sucs digestifs très forts: l'acide de l'estomac des hyènes, par exemple, peut faire des trous dans des os et des dents.
L'idée que Repenomamus ait complété son régime avec des végétaux est cependant rejeté par certains car avec des dents de ce type, on ne s'attend pas à ce qu'elles fassent beaucoup de meulage ou d'écrasement, ce qui est le cas chez les herbivores.

Ces résultats prouvent donc que quelques mammifères mésozoïques étaient carnivores, et pouvaient devenir beaucoup plus grands que précédemment admis, et auraient concurrencé des plus petits dinosaures pour la nourriture et le territoire. R. giganticus est le plus grand mammifère jamais connu ayant appartenu à l'ère mésozoïque.

Reconstitution du Repenomamus robustus dévorant un Psittacosaurus
Reconstitution du Repenomamus robustus dévorant un Psittacosaurus

Les mammifères du Mésozoïque étaient imaginés jusqu'à présent comme vivant dans l'ombre des grands dinosaures et donc de taille très petite parce que l'accès à la nourriture leur était limité pour diverses raisons explicitées dans cet article mais aussi parce qu'une plus grande taille les aurait rendus vulnérable face aux grands dinosaures et donc il n'y a pas eu sélection de cette dernière. Selon Lionel NAVAGAS, à la vue de cette découverte, on peut alors se poser des questions sur la sélection d'une telle taille (plus d'un mètre de long) pour le Repenomamus gigantus. Cette taille constitue un désavantage par rapport aux grands dinosaures pour lesquels il devient une proie et en même temps un avantage par rapport aux petits dinosaures, voire juvéniles, pour lesquels là le Repenomamus devient un prédateur. Visiblement, la taille a semblé être plus un avantage par apport aux inconvénients qu'elle pouvait apporter et elle a donc été sélectionnée.

Enfin, contrairement à ce que l'on a pu entendre, ce n'est pas une espèce de mammifère prédatrice de dinosaures qui peut expliquer la fameuse disparition des dinosaures. On savait en effet déjà qu'ils devaient être capables de s'attaquer aux œufs de dinos et de toute façon, la crise Crétacé-Tertiaire est bien trop complexe et importante pour qu'elle puisse avoir été causée uniquement par des mammifères prédateurs, qui ne constituaient pas la majorité des mammifères de l'époque...

Source: Nature, n°433, 149, 2005

Pour en savoir plus: Informations complémentaires sur ce mammifère dévoreur de dino

30 Juillet 2005

Dinosaures

Découverte des plus anciens embryons fossiles

Embryon de Massospondylus
Des scientifiques canadiens viennent de publier dans la revue Science la découverte exceptionnelle d'oeufs de dinosaures contenant des embryons et qu'ils ont pu étudier.

Les embryons appartiennent à l'espèce Massospondylus carinatus, un prosauropode. Ces oeufs fossiles sont datés de 190 millions d'années, donc du Jurassique inférieur. C'est à la fin de cette période que les Sauropodes apparaissent, descendants des prosauropodes.

L'importance de la découverte provient donc d'une part qu'il s'agit des plus anciens embryons de dinosaures découverts, les autres embryons connus appartiennent en général au Crétacé (il y a environ 135 à 65 millions d'années). D'autre part, la préservation de ces fossiles est exceptionnelle, permettant une étude poussée du développement de jeunes dinosaures.

Ce sont en tout 6 oeufs de la taille de ceux d'une poule qui ont été analysés, contenant des embryons de 15cm de long (contre 5mètres pour les adultes de cette espèce).
L'état des embryons suggère qu'ils étaient sur le point d'éclore; d'ailleurs, des fragments de coquilles ont été retrouvés tout autour du site de collecte, ce qui laisse à penser qu'au moins un oeuf était déjà éclos.

La morphologie des embryons était bien différente de celle des adultes: la tête des embryons est assez large, leur ceinture pelvienne (là où s'insèrent les muscles liés à la locomotion) assez petite; les paléontologues de l'étude en déduisent que ces jeunes herbivores devaient être exclusivement quadrupèdes, alors que les adultes prosauropodes ont une tendance à la bipédie et sont nettement plus minces en proportion.
Si l'on reconstitue le développement de ces jeunes Massospondylus, on peut donc dire que les différentes parties de leur corps n'avaient pas un développement similaire, par exemple les membres arrières devaient se développer 2 fois plus vite que les membres antérieurs.

Ainsi, ce type de développement semble plus proche de celui des mammifères et des oiseaux que des reptiles, chez qui les jeunes sont des copies miniatures des adultes.

Reconstitution de la position de l'embryon de Massospondylus
Reconstitution de la position de l'embryon de Massospondylus dans son oeuf...

Les petits Massospondylus étaient en tout cas parfaitement formés et capables de marcher tout seul. Mais étaient-ils pour autant capables de se débrouiller de manière autonome dès leur naissance comme les poussins de la poule aujourd'hui?

Rien n'est moins sûr en effet, leur démarche devait être assez maladroite étant donné leurs proportions. De plus, il semblerait que ces embryons sortaient de l'oeuf sans avoir de dents, donc sans être capables de se nourrir. Leurs mâchoires ne présentent en effet aucune trace de dents (ou elles étaient trop fragiles pour être conservées), mise à part une seul qui était en train de percer.
C'est pour ces raisons que les scientifiques de cet article pensent que ces jeunes dinosaures devaient être aidés par leurs parents pour se nourrir, le temps qu'ils deviennent autonomes. Il s'agirait donc de l'une des rares preuves fossiles des soins parentaux aux enfants chez les dinosaures.

Etant donné la petitesse des os contenus dans les oeufs, leurs manipulations demandent une précision chirurgicale et des outils miniatures, le tout sous microscope ou loupe pouissante. Même le plan de travail a dû être pensé pour empêcher toute vibration... C'est ce qui explique que bien que ces oeufs ont été découverts en Afrique du Sud en 1978, il a fallu attendre tout ce temps pour que les scientifiques soient en mesure de pouvoir ouvrir ces oeufs et de les étudier sans les détruire ou perdre de précieux éléments importants pour leur analyse.

Comparaison adulte/embryon...
Comparaison de la taille du crâne du plus grand Massospondylus connu et de l'un de ses embryons...



Depuis quelques années, une course à l'étude des embryons de dinosaures est lancée, puisqu'ils permettent une nouvelle approche de l'évolution des dinos en apportant de nouveaux et précieux renseignements autrefois inaccessibles. Les embryons sont très fragiles et il est très rare d'en retrouver intacts dans leurs oeufs. Cette étude est une nouvelle fois la preuve de leur intérêt et va certainement accélerer cette mode. Partout dans le monde, tout bon paléontologue qui se respecte se doit d'annoncer une découverte exceptionnelle à ce sujet; la chasse aux oeufs a commencé...


Copyright des photos: 1,3- Robert Reisz, University of Toronto at Mississauga; 2- Kevin Dupuis, courtesy University of Toronto at Mississauga.

Source: Science, 29/07/2005

Pour en savoir plus: Informations complémentaires sur le Massospondylus