Lu dans la presse, du nouveau du côté d’Angeac, avec la découverte au mois de juillet d'une cage thoracique et des os du bassin de sauropode sur une nouvelle surface de fouilles du chantier. Pour mémoire c'est aussi à Angeac qu’avait été trouvé l'un des plus grands fémurs connus pour un dinosaure, attribué à un Turiasaure (Eusauropode non néosauropode). Selon Ronan Allain il s'agit ici d'une espèce différente.
Pour ceux que ça intéresse, du nouveau sur les Spinos aquatiques et les tyrannosaures.
*Myhrvold NP, Baumgart SL, Vidal D, Fish FE, Henderson DM, Saitta ET, et al. (2024) Diving dinosaurs? Caveats on the use of bone compactness and pFDA for inferring lifestyle. PLoS ONE 19(3): e0298957. https://doi.org/10.1371/journal.pone.029895
Un réexamen, ou plutôt une remise en cause d’un article précédent qui suggérait un mode de vie de prédateur très aquatique pour Spinosaurus et Baryonyx et plutôt terrestre pour Suchomimus, basé sur la micro-anatomie osseuse, en particulier la densité osseuse. Cette énième publi sur le sujet (indirectement en fait) supporte l’idée que les Spinosauridés étaient des prédateurs semi-aquatiques plutôt que complétement aquatiques, et qu’ils ne pratiquaient pas une pêche active.
*Dalman, Sebastian G.; Loewen, Mark A.; Pyron, R. Alexander; Jasinski, Steven E.; Malinzak, D. Edward; Lucas, Spencer G.; Fiorillo, Anthony R.; Currie, Philip J.; Longrich, Nicholas R. (January 11, 2024). A giant tyrannosaur from the Campanian–Maastrichtian of southern North America and the evolution of tyrannosaurid gigantism. Scientific Reports. 13 (1): 22124. doi:10.1038/s41598-023-47011-0.
Une nouvelle espèce du genre Tyrannosaurus : T. mcraeenensis, du Campanien-Maastrichtien de la formation de Hall lake, Nouveau-Mexique. Plus ancien que T. rex de 6/7 millions d’années et de dimensions comparables.
Ankylorhiza tieemani gen. et sp. nov., un cétacé odontocète de l'Oligocène (25 millions d'années environ) de Caroline du Sud. Il était doté d'un organe d'écholocation, comme les odontocètes actuels. Sa taille relativement grande (4,80 m), sa morphologie suggérant un nageur rapide, la puissance supposée de sa mâchoire et sa dentition suggèrent qu'il s'agissait d'un prédateur spécialisé sur les proies de grande taille. Ses dents étaient par ailleurs simples, et usées. Ce type de prédateur a été remplacé dans sa niche écologique par les premiers cachalots comme Leviathan ou Brygmophyseter.
Mais surtout, ce fossile montre que plusieurs groupes de cétacés, notamment les odontocètes et les mysticètes, ont développé de manière convergente des caractéristiques semblables. Parmi ces acquisitions, le rétrécissement et la rigidification de la queue et le raccourcissement de l’humérus. Certaines de ces caractéristiques sont déjà présentes chez Ankylorhiza, comme l’augmentation du nombre de vertèbres caudales, d’autres ont été acquises ultérieurement chez des ancêtres communs des cachalots et des dauphins, comme la réduction de l’humérus.
Kongonaphon kely gen. et sp. nov., un ornithodirien du Trias moyen ou supérieur de Madagascar, décrit sur la base de restes très fragmentaires, un fémur et quelques autres ossements, de taille très réduite. L'animal devait mesurer une dizaine de cm de long, soit l’un des plus petits ornithodiriens non aviens connus. Cette petite taille est partagée par Scleromochlus, Lagerpeton et quelques autres, ce qui suggère qu’une phase de miniaturisation des ornithodiriens aurait précédé de peu l’origine des dinosaures et des ptérosaures. Ce petit animal aux dents coniques aurait été insectivore.
Ces deux articles sont payants, me contacter par message privé pour les intéressés.
Pour mémoire cette crise d'extinction massive de la transition Crétacé/paléogène (-66 millions d'années environ), l'une des plus importantes du phanérozoïque, pourrait être expliquée par deux événements coïncidants, la chute d'une météorite (cratère du Chixulub) et un épisode de volcanisme massif qui a formé les trapps de Sibérie, comme pour la crise permo-trias par exemple.
Ici, par une approche de modélisation, à prendre avec prudence quand même, les auteurs ont comparé l'effet de ces deux événements, seuls ou concomitamment, sur l'environnement. Selon cette modélisation, seule la chute de la météorite aurait été de nature à causer cette extinction massive et brutale dans tous les habitats terrestres par une réduction drastique (10 à 15%) de la luminosité. Au contraire, le volcanisme massif n’aurait pas eu un effet aussi global (5% de baisse de luminosité seulement) et aurait même tempéré à long terme les effets négatifs de l'hiver nucléaire sur la biodiversité par le rejet massif de CO2. Ce qui expliquerait aussi la brièveté de cette extinction de masse ; la crise permo/trias s’est déroulée sur des périodes de temps beaucoup plus longues (10 millions d’années environ).
Cet article a d’ores et déjà été critiqué par des spécialistes des trapps du Deccan.
L'article est payant mais je viens de le récupérer. Me contacter par message privé pour les intéressés.
Par contre il n'est PAS de la même lignée que Unenlagia, d'après leur analyse phylogénétique cette espèce est plus proche des oiseaux que des Unenlagiidae. Overoraptor serait groupe-frère de Rahonavis.
Caleb M. Brown, David R. Greenwood, Jessica E. Kalyniuk, Dennis R. Braman, Donald M. Henderson, Cathy L. Greenwood and James F. Basinger, 2020, Dietary palaeoecology of an Early Cretaceous armoured dinosaur (Ornithischia; Nodosauridae) based on floral analysis of stomach contents. R. Soc. open sci. 7200305.https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.200305
Vous vous souvenez de Borealopelta, ce Nodosauridé exceptionnellement préservé, découvert en Alberta et décrit il y a quelques années, dont la couleur rouge-brun avait même pu être déterminée (Brown et al., 20171). La même équipe du Tyrell publie une étude de son contenu stomacal qui révèle une alimentation composée en priorité de fougères Polypodiidae et, dans une mesure largement moindre, de cycadales et de conifères. Une cinquantaine de palynomorphes ont en outre été identifiés. Dans son estomac se trouvait aussi des restes de végétaux carbonisés, suggérant que l’animal évoluait dans une zone récemment incendiée au moment de sa mort. Son estomac renfermait également des gastrolithes.
Une découverte très intéressante à plusieurs titres. Adalatherium hui gen. et sp. nov., un mammaliforme remarquablement conservé du Crétacé final de Madagascar. Avec ses dimensions comparables à un blaireau (52 cm de long), il s’agit de l’un des plus gros mammifères connus du Mésozoïque, avec les genres Didelphodon et Repenomamus, et serait sujet aux phénomènes de gigantisme et d’isolement insulaire, Madagascar ayant dérivé depuis l’Inde vers l’Afrique. Il est classé au sein des Gondwanathériens.
Sa démarche est intermédiaire entre celle des reptiles, avec des pattes arrière s’étendant loin du corps et la colonne vertébrale s’arquant durant la marche ; et celle des mammifères avec qui il partage les pattes situées sous le corps.
Encore un article sur les adaptations anatomiques de Spinosaurus aegyptiacus au mode de vie aquatique. Ici, il s’agit de vertèbres caudales découvertes au Maroc caractérisées par des épines neurales très allongées suggérant que la queue de l’animal faisait office d’organe de propulsion, à l’instar d’autres vertébrés aquatiques. Cette découverte est bien évidemment en adéquation avec un certain nombre d’études qui avaient déjà suggéré un mode de vie semi-aquatique pour les Spinosauridés en général et cette espèce en particulier, de la composition isotopique des os (Amiot et al., 2010) à l’alimentation piscivore en passant par des adaptations morpho-anatomiques, dont le retrait des narines sur le museau et des membres postérieurs réduits (Ibrahim et al. , 2014). Il s’agit donc du premier dinosaure non avien dont le mode de vie semi-aquatique est désormais avéré.
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Edité le 31/05/2020 à 13:07 par Webmaster
Pour les plaques de Stégosaures, pas mal de choses contradictoires ont été publiées sur le sujet. Mais il paraît assez logique d’estimer qu’elles étaient recouvertes de corne. Ces plaques sont des ostéodermes modifiés, tout comme les épines caudales. Elles sont homologues aux scutelles des premiers thyreophores comme Scelidosaurus et des ankylosaures, et aux épines dorsales des stégosauriens plus tardifs comme Lexovisaurus ou Huayangosaurus ou, qui commencent déjà à en avoir certaines qui s’élargissent en plaques. Et comme l’on suppose que les épines devaient être recouvertes de corne, il semble que ce soit aussi le cas chez notre Stégo. L’importante vascularisation relevée sur ces plaques devait servir à l'importante activité de renouvellement cellulaire plutôt qu'à la termorégulation ou qu'à faire varier la coloration.
Voir cet article sur Hesperosaurus: Christiansen, N. A.; Tschopp, E. (2010). Exceptional stegosaur integument impressions from the Upper Jurassic Morrison Formation of Wyoming. Journal of Geosciences. 103 (2): 163–171. : https://link.springer.com/article/10.1007/s00015-010-0026-0
Évidemment, ces publications sont postérieures à la série. Cette opinion est également défendue dans l’ouvrage de Thomas Holtz, qui estime qu’elles devaient plutôt avoir un rôle défensif passif ou un rôle de reconnaissance. On peut par exemple imaginer qu’elles empêchaient un grand théropode, type Allosaurus ou Torvosaurus de chercher à mordre la colonne vertébrale en attaquant par au-dessus. Des traces de morsure d’Allosauridé ont par ailleurs été relevées sur des plaques cervicales de stégosaure.
Pour les plumes, c’est vrai que les connaissances n’étaient pas aussi avancées qu’aujourd’hui, mais cette série est sortie à la fin des années 1990, à peu près au moment où on a commencé à exhumer des théropodes à plumes comme Sinosauropteryx, Protarchaeopteryx, Caudipteryx ou Sinornithosaurus, et où on commençait à imaginer qu’un assez grand nombre d’espèces proches des oiseaux devaient être recouvertes de plumes…
*Sur la Terre des dinosaures (walking with dinosaurs) de la BBC est en effet une assez bonne série, et assez passionnante à regarder. Je me souviens de l’avoir vue et revue plusieurs fois étant plus jeune. La BBC avait réalisé deux autres séries dans le même style : une sur le paléozoïque, axée évolution des vertébrés, surtout terrestres, et une sur le cénozoïque, essentiellement mammifères.
Les graphismes étaient très bons, mais il y a quand même un certain nombre d’inexactitudes comme le Stégosaure qui colore ses plaques de sang (en réalité ses plaques n’étaient pas recouvertes de peau mais de corne). Et bien sûr, il omet la présence de plumes chez un certain nombre d’espèces, les Dromaeosauridés notamment. Il y a aussi pas mal d’exagérations, par exemple sur les dimensions de certaines espèces comme leur Brachiosaurus, leur Ornithocheirus et leur Liopleurodon, en réalité inspiré d’estimations douteuses concernant le monstre d’Aramberri.
*Il y avait eu plusieurs séries dérivées, comme The ballad of Big Al, qui reconstitue la vie du célèbre spécimen d'Allosaurus fragilis, visible en entier ici: https://www.dailymotion.com/video/x5718e1
*Comme très bon documentaire je recommande la série Planet Dinosaur, toujours de la BBC, entièrement en images de synthèses. Le rendu est très bon mais je préfère quand même les graphismes de sur la Terre des dinosaures. Mais ils sont scientifiquement plus rigoureux, ils présentent de nombreux détails anatomiques en expliquant les implications pour la biologie de l’espèce, et ils montrent régulièrement les fossiles à l’origine des découvertes qu’ils présentent et ils prennent plus de pincettes par rapport à certaines informations. Ils présentent aussi des espèces que l’on voit rarement dans les documentaires, et ils donnent des informations très intéressantes sur l’évolution et l’écologie de ces animaux. Dommage qu’ils n’aient pas reconstitué Ouranosaurus et Spinosaurus avec une bosse de graisse sur le dos, à la place de la voile, hypothèse assez crédible. Ils auraient été je pense les premiers à le faire. Bref, vraiment une très bonne série .
Jasinski, S.E., Sullivan, R.M. & Dodson, P. New Dromaeosaurid Dinosaur (Theropoda, Dromaeosauridae) from New Mexico and Biodiversity of Dromaeosaurids at the end of the Cretaceous. Sci Rep 10, 5105 (2020). https://www.nature.com/articles/s41598-020-61480-7
Dineobellator notohesperus, gen. et sp. nov., un Dromaeosauridae velociraptorinae du Maastrichtien (67 millions d’années environ) du Nouveau-Mexique, de dimensions comparables à celles de son proche parent Velociraptor, décrit sur la base de quelques éléments crâniens et postcrâniens. Les capacités de préhension de ses membres antérieurs auraient été supérieures à celles des autres Dromaeosauridae. Sa queue était également flexible à la base, permettant des changements de direction rapide. Des traces d’insertion de plumes sont été identifiées sur les os des membres antérieurs, ainsi que des cicatrices au niveau des côtes.
*Cadena, E.-A.; Scheyer, T.M.; Carrillo-Briceño, J.D.; Sánchez, R.; Aguilera-Socorro, O.A.; Vanegas, A.; Pardo, M.; Hansen, D.M.; Sánchez-Villagra, M.R. (2020). The anatomy, paleobiology, and evolutionary relationships of the largest extinct side-necked turtle. Science Advances. 6 (7): eaay4593. https://advances.sciencemag.org/content/6/7/eaay4593
De nouveaux spécimens de Stupendemys geographicus, une tortue géante du Miocène (-10 millions d’années environ) d’Amérique du Sud (2m40 de long et près d’1,15 tonne, soit le double d’une tortue luth actuelle). Sa carapace était prolongée à l’avant par des excroissances semblables à des cornes. Des traces de morsures de caïmans ont été relevées sur la carapace.
Ikaria wariootia sp. et gen. Nov., l’un des plus anciens bilatériens connu, datant de l’Ediacarien (Protérozoïque, 555 millions d’années environ) du Sud de l’Australie. Un organisme simple de quelques millimètres de long aux allures vermiformes et avec une différentiation antéro-postérieure. Il a été préservé enfoui dans le sédiment au fond de la mer, probablement à la recherche de nourriture.
*Field, Daniel J.; Benito, Juan; Chen, Albert; Jagt, John W. M.; Ksepka, Daniel T. (2020). Late Cretaceous neornithine from Europe illuminates the origins of crown birds. Nature. 579 (7799): 397–401.
https://www.nature.com/articles/s41586-020-2096-0
Asteriornis maastrichtensis sp. et gen. Nov., un oiseau du Maastrichtien supérieur (-66 millions d’années environ) de Belgique, soit immédiatement avant la crise d’extinction massive Crétacé/Paléogène. C’est l’un des plus anciens représentants indiscutables connus du « crown-group » des oiseaux modernes. Cette découverte remet en question l’hypothèse de l’origine gondwanienne de ce dernier.
Un crâne complet préservé en 3 dimensions et quelques éléments postcrâniens dont un fémur. Cette espèce est proche des Galloanserae, le clade qui comprend notamment les Galliformes, comme les poules, et les Ansériformes comme les canards, oies, cygnes etc… Son anatomie est du reste intermédiaire entre celle des Ansériformes et celle des Galliformes. Cette espèce est en outre caractérisée par une petite taille et des pattes allongées, suggérant un mode de vie plutôt terrestre et en bord de mer. Il devait néanmoins cohabiter avec des oiseaux crétacés plus éloignés de nos oiseaux actuels comme Ichthyornis. Les auteurs suggèrent que ce type d’oiseaux aurait été favorisé par sa petite taille et son mode de vie côtier au moment de l’extinction massive.
*Je reviens encore une fois sur Oculudentavis. Sa classification en tant qu’oiseau est contestée par un certain nombre de chercheurs, qui le considèrent plutôt comme un squamate au regard d’un certain nombre de caractéristiques, dont ses dents pleurodontes.
*dePolo PE, Brusatte SL, Challands TJ, Foffa D, Wilkinson M, Clark NDL, et al. Novel track morphotypes from new tracksites indicate increased Middle Jurassic dinosaur diversity on the Isle of Skye, Scotland. PLOS ONE, 2020 DOI: 10.1371/journal.pone.0229640
Des empreintes de dinosaures datant du Jurassique moyen découvertes sur l’île de Skye, en Ecosse (-170 millions d’années environ). Ce site connaissait alors un climat subtropical et était constitué d’un lagon boueux dans lequel les empreintes ont été figées. Pour rappel, l’île de Skye avait déjà livré des séries d’empreintes de sauropodes et de théropodes (dePolo et al, 2018 : https://sjg.lyellcollection.org/content/54/1/1).
En plus des ornithopodes et des théropodes de tailles diverses, des empreintes de stégosaurien, attribuées à l’ichnogenre Deltapodus, ont notamment été décrites, pour la première fois sur cette île. Cette découverte illustre la période de diversification des principaux clades de dinosaures.
*L’Université nationale de La Matanza (Argentine) a annoncé la découverte de peau fossilisée de Palaeeudyptes gunnari, un manchot disparu de la taille de nos manchots empereurs, datant de l’Eocène (43 millions d’années), remarquablement conservée autours des os sur les deux surfaces de l’aile a été découverte sur l’île Marambio, en Antarctique.
*Je reviens aussi sur ce que j’ai écrit plus haut. Oculudentavis est bel et bien classé comme un oiseau dans tous les cas de figure ; il serait groupe frère du clade comprenant Jeholornis et les Pygostylia (qui regroupent entre autres Confuciusornis, Sapeornis, les Enantiornithes et les oiseaux actuels), hypothèse est la plus vraisemblable, mais il pourrait aussi être un Enantiornithes.
Xing, L., O’Connor, J.K., Schmitz, L. et al. Hummingbird-sized dinosaur from the Cretaceous period of Myanmar. [Italique]Nature 579, 245–249 (2020). https://doi.org/10.1038/s41586-020-2068-4
Oculudentavis khaungraae gen. et sp. nov., l'un des plus petits dinosaures connus, un oiseau de la taille de nos plus petits colibris (2 grammes), âgé de 100 millions d'années environ dont le crâne, long de 7,1 mm, a été retrouvé dans l'ambre au nord de la Birmanie. Il devait mesurer 5 cm de long environ, ce qui indique une miniaturisation de certaines lignées d'oiseaux peu après leur apparition.
La fusion des os crâniens et la morphologie de l'orbite rappelle celle de certains lézards et résulterait d'un processus évolutif de miniaturisation, qui aurait entraîné un renforcement du crâne et un agrandissement des orbites en proportions, permettant de maintenir des capacités sensorielles suffisantes. L'animal aurait été un chasseur diurne de petits invertébrés, contrairement à nos colibris qui se nourrissent de nectar. Il est doté d'un grand nombre de petites dents, supérieur à celui des autres oiseaux de la même époque et s'étendant loin en arrière de la mâchoire. Cette espèce serait sujette au phénomène de nanisme insulaire.
Sa position phylogénétique n'est pas certaine. Il pourrait être un Enanthiornithes (groupe d'oiseaux à dents, diversifié au Crétacé mais aujourd'hui éteint), ou bien il pourrait être plus proche des dinosaures non aviens.
Le fossile dans l'ambre:
Le crâne numérisé. Noter les grandes orbites et les ossicules en forme de cuiller délimitant une petite ouverture centrale, ainsi que les petites dents:
By Robin R. Dawson, Daniel J. Field, Pincelli M. Hull, Darla K. Zelenitsky, François Therrien, Hagit P. Affek (2020) Eggshell geochemistry reveals ancestral metabolic thermoregulation in Dinosauria. Science Advances Vol. 6, no. 7, eaax9361
Une analyse géochimique sur les coquilles d'oeufs de dinosaures montre qu'ils étaient endothermes.
On avait déjà plusieurs indices suggérant que les dinosaures (non aviens) étaient endothermes, à l'instar des mammifères, des oiseaux et quelques autres vertébrés*. Notamment la disposition leurs vaisseaux sanguins autour des os, similaire à celle des mammifères et des oiseaux. Ici les auteurs ont analysé la coquille des œufs de trois espèces de dinosaures très éloignées les unes des autres: Maïasaura (Hadrosauridé), Magyarosaurus (titanosaure nain) et Troodon (théropode proche des coiseaux), tous du Crétacé supérieur.
L'étude a porté sur la composition du carbonate de calcium composant la coquille des œufs, en l’occurrence la composition isotopique du carbone et de l'oxygène. Pour rappel, les œufs formés dans un organisme à sang froid présentent un plus grand nombre de liaisons 13C- 18O que ceux issus d'un animal à sang chaud.
Pour les trois espèces étudiées, la température corporelle est estimée entre 35°C et 40°C. Pour éviter des biais possibles dus au climat (un animal ectotherme peut atteindre de telles températures corporelles s'il vit sous les tropiques, d'autant que la température était alors plus élevée qu'actuellement), ils ont étudié des dinosaures d'Amérique du Nord (Alberta) et estimé la température moyenne de cette région à 26°C. C'est donc bien par leur métabolisme propre que ces trois animaux maintenaient une telle température corporelle, ce qui confirme qu'ils étaient endothermes. Cela suggère une origine ancienne de l'homéothermie chez les dinosaures.
Une étude antérieure, portant également sur les coquilles d’œufs, avait cependant suggéré que si les titanosaures maintenaient une température corporelle élevée (plus de 37°C), celle de certains théropodes était intermédiaire (autour de 32°C). (Eagle et al., Nature Comm., 2015: https://www.nature.com/articles/ncomms9296)
Voris, Jared T.; Therrien, Francois; Zelenitzky, Darla K.; Brown, Caleb M. (2020). "A new tyrannosaurine (Theropoda:Tyrannosauridae) from the Campanian Foremost Formation of Alberta, Canada, provides insight into the evolution and biogeography of tyrannosaurids". Cretaceous Research: 104388.
Thanatotheristes degrootorum gen. et sp. nov., un Tyrannosauridae du Campanien (Crétacé supérieur, 80 millions d'années environ) de l'Alberta, décrit sur la base d'un spécimen subadulte. Classé en groupe-frère de Daspletosaurus.
Alors pour commencer l’Homme (H. sapiens) n’est pas apparu il y a 300 000 ans, ça c’est l’âge du plus vieux fossile connu actuellement. L’âge du plus ancien fossile d’un groupe ne présume en rien de l’âge du groupe lui-même, parce que la fossilisation est un processus exceptionnel et que l’on ne connaît actuellement qu’une partie infime des espèces disparues. Ensuite on ne peut pas dater précisément l’apparition de l’espèce humaine parce qu’elle n’est pas apparue du jour au lendemain, le processus de spéciation peut avoir pris des centaines de milliers d’années. La théorie de l’évolution explique justement qu’il n’y a pas de séparation stricte entre espèces. Tout cela est très bien expliqué dans le Guide critique de l’évolution de Lecointre, que je te recommande.
Maintenant pour parler du sujet (l’Homme qui n’aurait pas évolué depuis 300 000 ans). Tout d’abord, en paléontologie il est généralement admis qu’une espèce peut exister quelques millions d’années. Bien évidemment on parle ici d’espèces pour lesquelles il est impossible d’appliquer le critère d’interfécondité. D’après la théorie des équilibres ponctués, de Gould et Eldrege, la vitesse de l’évolution varie, alternant des stases (phases d’évolution quasi nulle où des espèces se maintiennent presque inchangées sur de longues périodes), et des périodes de spéciation. A ce sujet je te recommande le livre de Stephen Jay Gould intitulé le pouce du panda, dans lequel il consacre des chapitres à sa théorie. D’après lui la durée d’existence d’une espèce dans le registre fossile serait de 5 à 10 millions d’années. Il évoque surtout les mollusques, sa spécialité, et je ne sais pas dans quelle mesure on peut appliquer ces estimations à des vertébrés, mais certaines espèces humaines, comme Homo erectus, ont eu une existence bien plus longue que H. sapiens (près de 2 millions d’années).
Donc il est tout à fait accepté qu’une espèce peut exister sur des longues périodes. Malgré cela, les processus de l’évolution (la « microévolution ») sont indiscutablement à l’œuvre au sein de l’espèce humaine. Dans les cas les plus courants, la spéciation résulte d’un isolement reproductif entre des populations qui se sont formées au sein d’une espèce. Il s’agit généralement d’un isolement géographique (spéciation allopatrique, péripatrique ou parapatrique) bien que d’autres processus soient décrits (spéciation sympatrique ou stasipatrique) mais qui ne concernent pas a priori l’espèce humaine. Ces populations isolées peuvent être à l’origine de nouvelles espèces sous l’effet des forces évolutives (mutation, dérive génétique, sélection, migration et hybridation), par exemple en s’adaptant à des environnements différents.
L’espèce humaine ne fait pas exception. Aucun être humain sur terre actuellement n’est strictement identique au fossile de 300 000 ans du Maroc. Même l’Homme de Cro-Magnon, pourtant très proche de nous dans le temps et génétiquement, se distingue de l’homme actuel par une morphologie plus robuste. L’espèce humaine n’a cessé de se diversifier ; des populations, des civilisations sont apparues, se sont éloignées du berceau africain pour conquérir de nouveaux environnements, de l’Amazonie à l’Arctique, de l’Himalaya aux îles du Pacifique, des déserts d’Afrique aux régions tempérées d’Europe occidentale. De nouveaux variants génétiques n’ont cessé d’apparaître et parfois de se fixer dans des populations (complètement ou non) : couleurs de peau, groupes sanguins, petite taille chez les pygmées, ou des aptitudes physiologiques particulières (adaptation à la vie en altitude, drépanocytose en réponse au paludisme, capacité à digérer le lait ou à stocker la graisse …). Certaines se sont aussi hybridées avec d’autres espèces comme l’Homme de Neandertal ou l’Homme de Denisova, d’autres non ou beaucoup moins. Donc on voit bien que les forces évolutives sont à l’œuvre au sein de l’espèce humaine comme de n’importe quelle autre espèce. Et c’est par ces mêmes processus que notre espèce s’est séparée de ses cousins H. erectus, H. heidelbergensis, Neandertal et j’en passe.
Pour la sélection, je pense que tu l’as comprise. Qu’elle soit naturelle ou artificielle (dans le cas des espèces domestiques), elle influe sur la variation des proportions alléliques au sein d’une population (qui en réalité peuvent varier indépendamment de la sélection sous l’effet de la dérive génétique). Les allèles étant créés par des mutations, c’est bien le couple mutation/sélection qui est responsable de l’évolution biologique (avec les autres forces évolutives, voir plus haut).
Voilà pour réagir un peu à ce sujet, j’espère avoir pu t’aider un peu.
Je crois que ce n'est pas connu avec précision. Soit de la végétation basse, type prêles, fougères ou des jeunes pousses de plantes, ou bien des feuilles et des fragments de tige provenant de la végétation arborée comme des conifères, des plantes proches du Ginkgo et du cycas actuels, ou des angiospermes (les plantes à fleurs, apparues au Crétacé inférieur).
Voilà, dans l'état actuel des connaissances je ne sais pas si on peut être vraiment plus précis.