Des empreintes de peau sont connus pour le
Tehuelchesaurus du Jurassique supérieur d'Argentine, d'autres en Angleterre (attribuée au
Pelorosaurus), et dans le Jurassique supérieur des USA (avec entre autre les fameuses épines de kératines ornant le dos des Diplodocidae). Pour les titanosaures il y a les empreintes de peau des embryons d'Auca Mahuevo. Mais je ne crois pas que l'on en possède provenant d'adultes. On peut trouver toutes les références sur ces spécimens dans l'article sur la peau du
Tehuelchesaurus :
Tehuelchesaurus skin impression
Pour la Chine on a également des empreintes de peau du
Mamenchisaurus youngi.
Ici une empreinte de peau attribué au
Pelorosaurus :
Une autre vue du même spécimen :
http://www.miketaylor.org.uk/tmp/pelorosaurus-becklesii-skin.jpeg
Pour en revenir aux ostéodermes des titanosaures, effectivement il doit y en avoir un certain nombre qui dorment en collections attendant qu'on les reconnaisse. Certains ont déjà été ré-identifiés. Ce fut le cas des spécimens de Madagascar, mais aussi d'un spécimen incomplet de Rennes-le-Château dans l'Aude (très similaire à la grande épine d'
Ampelosaurus mais dépourvu de la racine), qui fut d'abord attribué à un ankylosaure. C'est aussi le cas du premier ostéoderme de titanosaure signalé en Inde par D'Emic et al. en 2009, pour un exemplaire découvert en 1922. Dans cet article, ces auteurs considèrent que les titanosaures porteurs d'ostéodermes étaient des sauropodes de taille relativement modeste, plus petits que les espèces supposées être dépourvues de telles plaques. La seule exception étant pour eux, le propriétaire de cet ostéoderme indien, probablement l'un des deux titanosaures actuellement connus dans cette région,
Isisaurus et
Jainosaurus, deux genres atteignant au moins 18 m de long. Mais en fait il est clair que des titanosaures de grandes tailles pouvaient aussi avoir des ostéodermes. On en a trouvés associés à plusieurs squelettes du titanosaure argentin
Mendozasaurus. La taille des propriétaires de ces plaques est estimée à environ 18 m de long ce qui est déjà pas mal. Bizarrement, l'article de D'Emic et al. ne place pas
Mendozasaurus parmi les grands titanosaures alors qu'il était au pire aussi grands que les formes indiennes. Mais surtout on avait déjà signalé la découverte de quelques os d'un spécimen beaucoup plus grand de
Mendozasaurus dont la taille est estimée à 27 m de long. On n'a pas trouvé d'ostéodermes avec ce spécimen, mais il n'y a aucune raison de penser que les plus grands individus de l'espèce perdaient soudainement leurs plaques.
Mendozasaurus appartient aux Lognkosaures, groupe qui comprends aussi les énormes
Futalognkosaurus et
Puertasaurus. Il est donc tout à fait possible que des titanosaures de 30 m de long (voire plus) aient également portés des ostéodermes, et on ne manquera pas de s'interroger sur l'utilité de leur présence chez des animaux beaucoup plus grands que les plus gros prédateurs de l'époque.
Concernant les ostéodermes en eux-mêmes, la grande nouveauté, c'est donc que certains d'entre eux soutenaient probablement une épine entièrement kératinisée, et venaient s'ajouter à ceux pourvus d'épines à structure interne osseuse, et ceux aux bulbes aplatis. Comme on peut le voir sur les photos des posts précédents, il semble que certains des ostéodermes français pouvaient eux aussi servir de point d'ancrage à des épines de kératines, cf. le bulbe convexo-concave du second spécimen de Cruzy (et peut être aussi le troisième pourvu d'une base très épaisse), et le second spécimen de Bellevue au bulbe concave. On peut mieux apprécier sa morphologie sur ces illustrations :
Ces spécimens français n'ont pas la racine exceptionnellement allongée des ostéodermes aux bulbes concaves de Lo Hueco, mais ce n'est peut être due qu'à des positions différentes de ces éléments sur le corps de ces sauropodes. À moins qu'il ne s'agisse là de caractères propres à chaque espèce et dont les variations interspécifiques dans la disposition des plaques nous sont encore inconnus. Si la queue de ces titanosaures était effectivement ornée d'ostéodermes, ceux à très longues racines devaient êtres situés sur sa partie médiane. Ces longues racines, occupaient l'espace entre chaque épine de kératine (lesquelles devait être orientées caudolatéralement d'après Vidal et al.), ce qui du coup rigidifiait et rendait inflexible cette partie de la queue. Celle-ci ne devait être flexible qu'à sa base où (en théorie) ne se trouvaient que des ostéodermes à courtes racines et à épines osseuses.