Botha-Brink, J., Huttenlocker, A.K., & Modesto, S.P. (2013). Vertebrate paleontology of Nooitgedacht 68: A Lystrosaurus maccaigi rich Permo-Triassic boundary locality in South Africa. In C.F. Kammerer, K.D. Angielczy k, & J. Fröbisch (Eds.), The early evolutionary history of the Synapsida (pp. 289–304). Dordrecht: Springer.
Botha-Brink et ses collègues présentent Nooitgedacht 68, une "nouvelle localité" (des spécimens y avaient déjà été récoltés dans les années 70) où sont bien exposés les dépôts continentaux de la limite Permien-Trias. Une localité intéressante à plus d'un titre :
1 Elle précise la distribution stratigraphique de certaines espèces qui encore récemment n'étaient pas considérées comme des victimes de l'extinction de masse du Permien terminal, (car leurs fossiles les plus récents avaient été trouvés dans des niveaux assez éloignés de la limite Permien-Trias). Parmi ces espèces figurent le dicynodonte géant Dinanomodon gilli dont un crâne fut collecté dans un niveau stratigraphique plus proche de limite P/T que les autres spécimens connus de cette espèce. Cette trouvaille suggère que Dinanomodon était encore présent dans les niveaux les plus tardifs du Permien supérieur et qu'il compte parmi les victimes de l'extinction de masse.
2 Elle est particulièrement riche en spécimens de Lystrosaurus maccaigi, la plus grande espèce du genre qui est aussi la première à apparaître et la seule à être stratigraphiquement limitée au Permien terminal. Nooitgedacht 68 a livré une cinquantaine d'individus multipliant ainsi par 2 le nombre de spécimens connus de L. maccaigi. Cet animal n'était connu que par des spécimens adultes et on se demandait s'il ne pouvait pas correspondre à de très grands individus d'autres espèces. La découverte des premiers juvéniles parmi l'échantillonnage montre que ce n'était pas le cas.
3 Ce site se démarque également par la découverte d'un nouveau type de grand gorgonopsien auparavant inconnu en Afrique. Cette forme est bien différente des Rubidgeinae (des formes massives a l'arrière crâne très large et à l'arcade zygomatique très développée ventralement) qui jusque là étaient les gorgonopsiens dominants du Permien supérieur d'Afrique australe et orientale. Elle présente par contre des similitudes avec le genre Inostrancevia de Russie. Ce nouveau gorgonopsien sud-africain (dont on possède au moins deux crânes associés à divers éléments postcrâniens) est en cours d'étude et n'a donc pas encore été attribué à un genre en particulier, mais il constitue probablement la première découverte d'un gorgonopsien d'affinité russe dans le Karoo sud-africain. Ce qui est intéressant également, c'est que ce nouveau type de gorgonopsien apparaît en Afrique du Sud dans les tout derniers niveaux du Permien supérieur (partie sommitale de la Zone à Dicynodon = Changhsingien terminal). Un moment où le principal prédateur était jusqu'à présent le thérocéphale Moschorhinus (qui présente d'ailleurs une convergence morphologique avec les gorgonopsiens). Comme le dit Christian Kammerer, la recherche moderne sur les gorgonopsiens en est encore à ses balbutiements, mais des découvertes récentes comme celle-ci, suggèrent un modèle biogéographique plus complexe qu'on ne le pensait pour ce groupe de thérapsides.

Crâne d'un nouveau gorgonopsien sud-africain ressemblant à Inostrancevia (longueur du crâne = 50 cm). Permien supérieur (Changhsingien supérieur = ~ 252 millions d'années).