Conséquences pour les agriculteurs
Pour Jean-Luc Poli, le président de la FDSEA, « il faut arrêter l'hypocrisie. S'il faut arrêter de semer le M810, alors il faut arrêter aussi de laisser entrer sur le territoire des céréales d'Amérique du Sud, de la viande de bœuf ou de porc alimentés, on le sait parfaitement, par du maïs OGM. C'est irresponsable d'interdire ici et d'autoriser là. » Plusieurs producteurs de maïs OGM implantés dans la région Midi-Pyrénées, où se trouvent plus des 2/3 des 22.500 hectares de maïs OGM semés en France, envisagent des actions de désobéissance civile, après l'annonce du moratoire sur la plantation de ce type de maïs dans le pays.
Conséquences pour les semenciers
Pour les semenciers, des multinationales comme Limagrain ou Pioneer (Dupont) et des coopératives telles qu'Euralis, l'impact sera mineur. Si le chiffre d'affaires de la filière s'élève à 2 milliards d'euros, le manque à gagner d'une année sans OGM est estimé à seulement 1 million.
Monsanto est davantage concerné. Il vend des semences, mais surtout c'est lui qui a développé l'élément transgénique MON 810, le seul autorisé à la culture en Europe. Contre des royalties, il en accorde la licence d'utilisation aux autres semenciers. Avec cette technologie, ces derniers conçoivent leurs propres variétés de maïs OGM. Le groupe américain se refuse à tout commentaire. "Son axe de développement, c'est le Brésil, l'Europe n'est pour lui qu'une goutte d'eau", explique Francis Prêtre, de CM-CIC Securities. C'est le symbole que représente la nouvelle position française que redoutent les industriels. La France, première puissance agricole en Europe, détient un savoir-faire reconnu dans les semences ; elle y est aussi le deuxième producteur d'OGM, derrière l'Espagne. De fortes sommes ont déjà été investies. Limagrain, par exemple, consacre 40 millions d'euros par an à la recherche dans les biotechnologies. "Nous étions entrés dans une dynamique et les perspectives étaient bonnes", explique Karine Affaton, porte-parole de Pionner. Son groupe, qui utilise le MON 810, attend une homologation de sa propre technologie. Très optimiste, Limagrain estime qu'entre 50 000 et 100 000 hectares auraient pu être cultivés en 2008, et qu'il existe en France un potentiel d'un million d'hectares. source :
Le Monde
Selon Jean-Claude Guillon, directeur des affaires institutionnelles et de la communication de Limagrain, « prendre la décision d'activer une clause de sauvegarde signifierait que la France tourne le dos à la technologie. De plus, le MON 810 entre tout à fait dans les objectifs du Grenelle de l'environnement : il permet une plante saine, un rendement plus élevé, évite le recours aux pesticides et offre même un bénéfice sur la santé humaine (du fait que les plantes sont saines). Le drame est plutôt le manque à gagner pour les agriculteurs et pour la France, en matière de compétitivité agricole mondiale. Car il faut être clair : soit on admet que l'on veut produire moins, et l'on rejoint José Bové qui est un idéologue de la décroissance, soit on veut subvenir aux besoins alimentaires croissants de la population mondiale. » source :
20minutes
Conséquences pour les scientifiques
"Les scientifiques ont besoin de la culture en plein champ". Le Pr Roland Rosset, membre de la Haute autorité provisoire sur les OGM, veut préserver la recherche sur les OGM en laboratoire mais aussi en plein champ :
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Tout en annonçant cette suspension, le gouvernement a fait part d'un plan d'investissement dans les biotechnologies végétales de 45 millions d'euros, soit une multiplication par huit des budgets actuels. « Alors que la Terre va bientôt compter 9 milliards d'habitants, la France doit garder sa recherche agronomique, qui est la deuxième au monde. C'est une question d'indépendance nationale. » Joignant le geste à la parole, Mme Pécresse a confirmé qu'une enveloppe de 45 millions d'euros sera affectée sur trois ans, de 2009 à 2011, aux biotechnologies végétales dans le cadre d'appels à projets « allant du très fondamental au très appliqué », via l'Agence nationale de la recherche (ANR) et l'Inra. Le ministre souhaite, en outre, que cet effort soit mené conjointement avec l'Allemagne qui vient de se doter d'un plan pluriannuel de recherche d'une ampleur équivalente en lien avec le secteur privé. En plus des 15 millions d'euros déjà affectés en 2008 à l'ANR, Valérie Pécresse a annoncé à Marion Guillou, directrice générale de l'Inra, que l'État va verser 4 millions d'euros supplémentaires à deux nouveaux centres d'excellence : le RTRA « Plantes » (Réseau thématique de recherches avancées) de Montpellier et le Centre de génotypage de Clermont-Ferrand.
source
La prochaine loi sur les OGM doit être discutée à partir du 5 février au Sénat...
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Edité le 27/01/2008 à 23:22 par Webmaster