Un nouvel article sur les titanosaures de Lo Hueco est consacré à leurs ostéodermes, ces grosses plaques d'os qui devaient recouvrir le dos de ces sauropodes. Toutefois, le nombre et la disposition exacte de ces ostéodermes sur le corps de ces dinosaures demeurent inconnus. La raison est que du vivant de l'animal, ces plaques d'os étaient seulement insérées dans la peau et non rattachées au squelette. De sorte qu'après la mort de ces animaux, les ostéodermes devaient se détacher rapidement du corps lors de la décomposition du cadavre. C'est pour cela qu'il s'agit de fossiles rares, et qu'ils sont toujours retrouvés isolément ou parfois mélangés aux ossements de ces sauropodes. Tous les ostéodermes de titanosaures découverts en Europe appartiennent au morphotype "bulbe et racine". La morphologie du "bulbe" va de concave à fortement convexe (jusqu'à former une épine), tandis que la "racine" peut être très courte ou au contraire extraordinairement allongée. "Bulbe" et "racine" sont séparés par un cingulum. Le site de Lo Hueco est celui ayant livré le plus grand nombre d'ostéodermes de titanosaures au monde (près d'une vingtaine sur la centaine de spécimens connus dans le monde). Ils présentent une grande diversité de formes, et si la plupart ont été retrouvés isolés, deux ont été découverts associés à un squelette partiel articulé. Ces deux ostéodermes reposaient à proximités des vertèbres dorsales de ce squelette articulé, lequel se trouvait à l'écart des autres. Ce qui laisse à penser que ces deux plaques appartenaient à un même individu. Ce qui est intéressant c'est que ces deux plaques appartiennent aux deux extrêmes morphologiques présents sur le site. Ce qui suggère que la variabilité intra spécifique des plaques dermiques (dans la forme et la taille) des titanosaures était comparable à ce que l'on observe avec les plaques et les épines des stégosaures par exemple. Par contre on ne connaît toujours pas la disposition exacte de ces éléments. Vu la rareté des ostéodermes parmi les restes de titanosaures, on part du principe que ces sauropodes n'étaient que légèrement cuirassés. Les auteurs proposent donc comme hypothèse la plus conservatrice, l'existence de deux rangées paramédianes d'ostéodermes (dont la forme varie le long de la série craniocaudale) comme chez les stégosaures. Ils estiment également possible l'existence de plus de deux rangées de plaques, mais cela implique un plus grand nombre d'ostéodermes par individu (ce qui sous-entend : pourquoi on n'en a pas trouvé davantage sur le site vu le nombre de squelettes articulés ?).
Ailleurs sur le web, les auteurs présentent une reconstitution spéculative de la disposition des ostéodermes en deux rangées d'un de ces titanosaures. Les plaques les plus plates et les plus circulaires sont placés sur le dos de l'animal, alors que deux types d'épines ornent la queue de ces sauropodes. Les ostéodermes pourvus d'une épine osseuse sont placées sur le bassin et la partie antérieure de la queue (ce type d'ostéoderme étaient placé sur les épaules sur les précédentes reconstitutions, telle celles d'Ampelosaurus). Des épines plus longues, entièrement en kératine, sont placées sur le reste de la queue. Ces dernières devaient s'ancrer sur le bulbe concave des ostéodermes aux racines extraordinairement allongées (ce type d'ostéodermes n'est pour l'instant connu qu'à Lo Hueco). Sur ces ostéodermes très particuliers, la texture de la surface du bulbe concave est similaire à ce que montre la zone d'insertion de la corne des rhinocéros. De plus, ces ostéodermes possèdent un cingulum beaucoup plus développée (par rapport à la taille du bulbe) que ceux des autres ostéodermes. Donc, les auteurs estiment qu'il est possible que ce cingulum très épais pouvait servir d'ancrage à une épine entièrement constituée de kératine. Les très longues racines de ces ostéodermes faisaient contrepoids avec les longues épines en kératines. Ces dernières allégeaient un peu le poids de cet attirail (par rapport à une épine de même taille au c½ur osseux) et permettait ainsi une meilleure manoeuvrabilité de la queue de ce dinosaure lorsque celui-ci la balançait vers un prédateur.

Quelques ostéodermes de titanosaures de Lo Hueco. Variations au sein du morphotype "bulbe et racine".

Reconstitution spéculative de la disposition des ostéodermes chez un titanosaure de Lo Hueco. Une des principales différences avec les reconstitutions anciennes est la présence de piquants osseux et non osseux sur la queue. Si leur queue était hérissée d'épines, alors ces sauropodes devaient être des adversaires bien plus redoutables qu'on ne le pensait pour les prédateurs comme les abélisauridés.
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Edité le 16/08/2014 à 17:08 par croc en stock