Fiche descriptive
¤ Etymologie du nom: "Reptile du vignoble"
¤ Position dans la classification: Titanosauria -> Titanosauridae -> Lithostrotia
¤ Eres géologiques: Crétacé supérieur (75-70 MA.)
¤ Taille estimée: 15 à 18 m long - 4 m haut
¤ Poids estimé: ?
¤ Régime alimentaire: herbivore
¤ Répartition géographique: France (Aude, Ariège, Hérault)
¤ Découvert en: 1989 (collectif - fouilles sur le site depuis)
Les différentes espèces
Le nom de l’espèce vient du Latin "Atax" et fait référence au fleuve Aude qui coule à proximité du site de découverte.
Inventaire des fossiles retrouvés
- Holotype : C3-247 (trois vertèbres dorsales articulées).
- Sont connus de nombreux autres restes (dents, un dentaire isolé, une boîte crânienne isolée, des vertèbres, des os des membres, des éléments des épaules et du bassin, ainsi que plusieurs ostéodermes). Au total plusieurs centaines d’ossements (appartenant à plusieurs individus) ont été extraits du gisement de Bellevue à Campagne-sur-Aude et permettent de reconstituer près de 90% du squelette.
- Un squelette partiellement articulé et quasiment complet d'un juvénile (baptisé Eva), d'environ 10 mètres de long, découvert en 2000 est en cours d'étude. Ce spécimen inclus un crâne désarticulé quasi complet.
- Spécimens d’autres localités appartenant probablement à Ampelosaurus (Vila et al., 2012) : MHN.Aix.PV.1996.9, un fémur droit de Pourrières (Var) et MHN.Aix.PV.2008.1.7, un fémur droit de Rousset (Bouches-du-Rhône).
- Un frontal (FAM 03.175) provenant de Fox-Amphoux-Métisson dans le Var présente de forte similitude avec les frontaux d’Ampelosaurus et pourrait appartenir à ce genre (Díez Díaz et al., 2012b)
Caractères propres à ce dinosaure
- Ampelosaurus est un Titanosaure, avec ses vertèbres caudales fortement procoele et la texture osseuse des vertèbres présacrées. Les paléontologues ont classé depuis ce sauropode dans le groupe Lithostrotia, qui regroupe les Titanosaures pourvus d'Ostéodermes, mais Ampelosaurus n'a pas encore été inclus dans une analyse phylogénétique comparative. En dehors de certaines caractéristiques du squelette (tels que l’anatomie des lames osseuses vertébrales, etc.), Ampelosaurus diffère aussi des autres titanosaures franco-espagnol (Lirainosaurus, Atsinganosaurus et le titanosaure de Cruzy) par la morphologie de ses dents. Chez Ampelosaurus, les dents présentent une couronne ayant une partie axiale cylindrique ainsi qu’une fine expansion rostrale et caudale donnant aux dents une forme légèrement spatulée. Ces dents présentent également une constriction entre la couronne et la racine.
- Les premiers ossements crâniens d’Ampelosaurus ont été décrits par Le Loeuff en 2005. Ces restes consistent en un dentaire droit partiel et une boîte crânienne. Cette boîte crânienne présente des similitudes (position des foramens pour les nerfs crâniens, épaisseur des pariétaux) avec celles d’autres titanosaures comme Antarctosaurus wichmannianus d’Argentine et un titanosaure de Dongargaon en Inde. Le site de Bellevue à Campagne-sur-Aude à également livré d’autres restes crâniens beaucoup plus complets appartenant à Ampelosaurus. Il s’agit en fait du crâne quasi complet (on a en effet retrouvé presque tous les os qui le compose) mais désarticulé du spécimen surnommé Eva qui inclus aussi un squelette postcrânien presque complet et partiellement articulé. Le crâne et le squelette d’Eva n’ont pas encore été décrits (quelques éléments de ce crâne sont toutefois présentés au Musée des dinosaures d’Espéraza dans l’Aude) mais on peut déjà constater des ressemblances avec les rares crânes complets (ou presque complets) de titanosaures connus ailleurs dans le monde (tel que la présence d’une fenêtre antéorbitaire allongée comme chez le Rapetosaurus de Madasgascar).
- L'histologie des os d’Ampelosaurus est unique au sein des Sauropodes. Elle témoigne d'une croissance ralentie, et donc d'un allongement de la durée d'immaturité par rapport à la plupart des autres Sauropodes. Ce type de croissance est parfois rencontré dans les formes insulaires d'animaux, par exemple chez le Moa (Dinornis), oiseau éteint de Nouvelle-Zélande. L'environnement du sud-ouest de l'Europe à la fin du Crétacé était en effet constitué d'un chapelet de grandes îles dans lesquelles évoluait Ampelosaurus. Cependant, selon Klein et al. (2012), il ne s'agit pas d'un cas de nanisme insulaire, puisque la taille adulte est largement supérieure à celle d'Europasaurus ou de Magyarosaurus, par exemple.
- La localité type d’Ampelosaurus se situe donc dans le département de l’Aude. Deux fémurs appartenant probablement à Ampelosaurus sont pour la première fois signalés en Provence par Vila et al. (2012). L’un provient de Pourrières dans le Var et un autre de Rousset dans les Bouches-du-Rhône. Un frontal isolé (FAM 03.175) provenant de Fox-Amphoux-Métisson (localité abritant deux, peut être trois titanosaures différents d’après les éléments crâniens découverts sur ce site) présente de grandes similitudes avec les frontaux d’Ampelosaurus figurés par Le Loeuff en 2005 et pourrait appartenir à ce genre (Díez Díaz et al, 2012b).
- En 1999, Buffetaut et al. avaient déjà attribués à Ampelosaurus atacis des restes de titanosaures découverts à Cruzy dans l’Hérault. Mais l’étude en cours de ces spécimens héraultais (et du nouveau matériel découvert depuis) indique que le titanosaure Cruzyate est différent d’Ampelosaurus (et des autres titanosaures du Crétacé supérieur d’Europe) et représente un nouveau genre (Le Loeuff, 2011 ; Klein et al., 2012 ; Díez Díaz et al., 2012a).
Reconstitution de la vie de ce dinosaure
A l’instar des autres Titanosaures, Ampelosaurus, devait sans doute vivre en groupe. Il est probable qu’il évoluait dans un milieu marécageux de type tropical où la végétation était abondante. Des prêles et des fougères couvraient le sol, des plantes à fleurs (proche des magnolias) poussaient à l’ombre de conifères, palmiers ou ginkgo. Ampelosaurus se nourrissait de feuillages où il pouvait redouter l’attaque de grands dinosaures carnivores tels les Abelisauridés, retrouvés également dans la région, ou de différentes espèces de crocodiles. On sait qu’Ampelosaurus venait nicher en troupeaux sur les bords des lacs et rivières; le nid, installé sur un monticule de terre, recouvert de branchages, abritait une dizaine d’œufs, que la mère surveillait et protégeait des rapides petits dinosaures carnivores tel Variraptor ou des varans, fréquents dans la région. Les petits, sortis du nid, devaient bénéficier de la protection maternelle de leurs parents, échappant ainsi aux dinosaures carnivores. On peut imaginer des troupeaux d'Ampelosaurus dirigés par une femelle matriarche, ayant une grande expérience des terrains de cette époque.
Le paysage, dominé par les dinosaures, voyait évoluer une faune typiquement gondwanienne, avec certains animaux venant de Laurasie, tel le Nodosauridae Struthiosaurus et l'Iguanodontidae Rhabdodon. On retrouve plus tardivement des Hadrosauridae tels Telmatosaurus et Pararhabdodon, d’affinité euraméricaines. Les carnivores, représentés par des Abelisauridae (dont le genre Tarascosaurus) et des Dromaeosauridae (dont le genre Variraptor), sont d’origines respectivement du Gondwana (on retrouve des Abelisauridae en Amérique Latine, en Afrique et en Inde, à l’époque encore proche de l’Afrique) et de Laurasie (on retrouve les Dromaeosauridae en Asie et en Amérique du Nord, mais récemment des restes ont été retrouvés en Amérique du Sud et en Afrique, voire peut-être l’Antarctique et l’Australie). Les sauropodes retrouvés sont classés dans les genres Ampelosaurus et Hypselosaurus (nom aujourd'hui inutilisé), plusieurs sites de nidifications ont étés retrouvés dans le Sud, notamment dans le Languedoc-Roussillon et les Bouches-du-Rhône. L’ensemble des dinosaures évoluait aux côtés de tortues, de crocodiles, de varans, d’amphibiens, d’oiseaux (tels Gargantuavis et Martinavis, récemment décrit). L’ensemble de la faune et de la flore est semblable à celui découvert en Amérique du Sud, à Madagascar et en Inde, on peut donc imaginer de très grands sauropodes Titanosaures, ou même quelques Carcharodontosauridae erratiques vivre près d’Ampelosaurus; les découvertes futures le confirmeront peut-être.
Galerie d'images
-
Un troupeau d'Ampelosaurus s'abreuvant dans une rivière du sud de la France au Crétacé supérieur.
-
Squelette reconstitué d'Ampelosaurus atacis au Muséum des Dinosaures d'Espéraza (Aude).
Voir également la galerie d'Alain Bénéteau, montrant à travers de magnifiques illustrations des dinosaures présents en France à la fin du Crétacé.
Actualités de ce dinosaure
- 2000: Début de la découverte du squelette quasiment complet d'un individu juvénile, surnommé "Eva".
Publications
- Le Loeuff, J. (1995). Ampelosaurus atacis (nov. gen., nov. sp.), un nouveau Titanosauridae (Dinosauria, Sauropoda) du Crétacé supérieur de la Haute Vallée de l'Aude (France). -- (Ampelosaurus atacis (nov. gen., nov. sp.), a new titanosaurid (Dinosauria, Sauropoda) from the Late Cretaceous of the Upper Aude Valley (France)) -- Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 2, 1995, vol.321, n°8, p.693-699.
- DAVIES Nicole J. (2003). The reconstruction of the paleo-living environment, death and taphonomy of 'Eva' a juvenile titanosaur at the Late Cretaceous site of Bellevue in the Haute Vallée de l'Aude in southwestern France. Carleton College Geology Department Comprehensive Exercise Projects, 143 pages. Lire en ligne
- Le Loeuff, J. (2005). Osteology of Ampelosaurus atacis (Titanosauria) from Southern France. in: Thunder Lizards - The Sauropodomorph Dinosaurs. Eds.: Tidwell, V. & Carpenter, K. Part 1 Ch. 4 pp. 115-137.
- Jeffrey A. Wilson, M. Sadiq Malkani, and Philip D. Gingerich (2005). A Sauropod Braincase from the Pab Formation (Upper Cretaceous, Maastrichtian) of Balochistan, Pakistan. Gond. Geol. Magz., Spl. V. 8, April, 2005. pp. 101-109. Consulter l'article en ligne
- Klein, N., Sander, M. & Le Loeuff, J. (2006). An unusual bone histology and growth pattern in Ampelosaurus atacis, a Titanosaurid from South France. JVP 26(3) Abstracts pp.85.
- Klein N, Sander PM, Stein K, Le Loeuff J et al. (2012). Modified Laminar Bone in Ampelosaurus atacis and Other Titanosaurs (Sauropoda): Implications for Life History and Physiology. PLoS ONE 7(5): e36907. Consulter l'article en ligne