Actualités des dinosaures

Découverte des plus anciens embryons fossiles de dinosaures

Publication de la découverte et de l'étude des plus vieux œufs de dinosaures contenant des embryons fossiles (190 millions d'années), par des paléontologues canadiens. Une étude minutieuse, qui apporte des renseignements sur le développement et la vie après l'éclosion du dinosaure Massospondylus.
Les embryons appartiennent à l'espèce Massospondylus carinatus, un prosauropode. Ces œufs fossiles sont datés de 190 millions d'années, donc du Jurassique inférieur. C'est à la fin de cette période que les Sauropodes apparaissent, descendants des prosauropodes.

L'importance de la découverte provient donc d'une part qu'il s'agit des plus anciens embryons de dinosaures découverts, les autres embryons connus appartiennent en général au Crétacé (il y a environ 135 à 65 millions d'années). D'autre part, la préservation de ces fossiles est exceptionnelle, permettant une étude poussée du développement de jeunes dinosaures.

Ce sont en tout 6 œufs de la taille de ceux d'une poule qui ont été analysés, contenant des embryons de 15cm de long (contre 5 mètres pour les adultes de cette espèce). L'état des embryons suggère qu'ils étaient sur le point d'éclore; d'ailleurs, des fragments de coquilles ont été retrouvés tout autour du site de collecte, ce qui laisse à penser qu'au moins un œuf était déjà éclos.

La morphologie des embryons était bien différente de celle des adultes: la tête des embryons est assez large, leur ceinture pelvienne (là où s'insèrent les muscles liés à la locomotion) assez petite; les paléontologues de l'étude en déduisent que ces jeunes herbivores devaient être exclusivement quadrupèdes, alors que les adultes prosauropodes ont une tendance à la bipédie et sont nettement plus minces en proportion. Si l'on reconstitue le développement de ces jeunes Massospondylus, on peut donc dire que les différentes parties de leur corps n'avaient pas un développement similaire, par exemple les membres arrières devaient se développer 2 fois plus vite que les membres antérieurs.
Ainsi, ce type de développement semble plus proche de celui des mammifères et des oiseaux que des reptiles, chez qui les jeunes sont des copies miniatures des adultes.


Reconstitution de la position de l'embryon de Massospondylus dans son œuf...

Les petits Massospondylus étaient en tout cas parfaitement formés et capables de marcher tout seul. Mais étaient-ils pour autant capables de se débrouiller de manière autonome dès leur naissance comme les poussins de la poule aujourd'hui?
Rien n'est moins sûr en effet, leur démarche devait être assez maladroite étant donné leurs proportions. De plus, il semblerait que ces embryons sortaient de l'œuf sans avoir de dents, donc sans être capables de se nourrir. Leurs mâchoires ne présentent en effet aucune trace de dents (ou elles étaient trop fragiles pour être conservées), mise à part une seul qui était en train de percer. C'est pour ces raisons que les scientifiques de cet article pensent que ces jeunes dinosaures devaient être aidés par leurs parents pour se nourrir, le temps qu'ils deviennent autonomes. Il s'agirait donc de l'une des rares preuves fossiles des soins parentaux aux enfants chez les dinosaures.

Etant donné la petitesse des os contenus dans les œufs, leurs manipulations demandent une précision chirurgicale et des outils miniatures, le tout sous microscope ou loupe puissante. Même le plan de travail a dû être pensé pour empêcher toute vibration... C'est ce qui explique que bien que ces œufs ont été découverts en Afrique du Sud en 1978, il a fallu attendre tout ce temps pour que les scientifiques soient en mesure de pouvoir les ouvrir et de les étudier sans les détruire ni perdre des éléments essentiels à leur analyse.


Comparaison de la taille du crâne du plus grand Massospondylus connu et de l'un de ses embryons...

Depuis quelques années, une course à l'étude des embryons de dinosaures est lancée, puisqu'ils permettent une nouvelle approche de l'évolution des dinos en apportant de nouveaux et précieux renseignements autrefois inaccessibles. Les embryons sont très fragiles et il est très rare d'en retrouver intacts dans leurs oeufs. Cette étude est une nouvelle fois la preuve de leur intérêt et va certainement accélérer cette mode. Partout dans le monde, tout bon paléontologue qui se respecte se doit d'annoncer une découverte exceptionnelle à ce sujet; la chasse aux œufs a commencé...

Copyright des photos: 1,3- Robert Reisz, University of Toronto at Mississauga; 2- Kevin Dupuis, courtesy University of Toronto at Mississauga.