21 Février 2001
Faites un voyage dans le temps: vous voilà au Jurassique supérieur, il y a 135 à 146 millions d'années, dans une vaste prairie du super-continent du Nord: la Laurasie (il rassemble ce qui correspondrait à peu près aujourd'hui à l'Amérique du Nord et l'Eurasie). Dans ce paysage dominé par les fougères, Ginkgos et autres conifères, vous êtes pris en chasse par un magnifique et énorme dinosaure de 15 mètres de long et de 5 mètres de haut: l'Allosaure. Nul doute qu'il s'agit d'un carnivore... Ce scénario de chasse est-il possible?
Près de 150 millions d'années plus tard, les paléontologues se retrouvent toujours nez-à-nez avec ce prédateur du Jurassique, dont les premiers restes fossilisés ont été découverts il y a 150 ans. Voici un crâne fossile de ce dinosaure:
C'est un crâne massif sans être lourd. En effet, plusieurs grandes ouvertures entre différents os du crâne permettaient de l'alléger, tout en gardant une grande solidité. De plus, les os mêmes s'articulent librement (caractéristique retrouvée chez d'autres grands carnosaures comme Cératosaurus), ce qui devait lui conférer une certaine flexibilité.
Mais l'avis des experts diverge quant aux qualités de chasseur d'Allosaurus: certains paléontologues pensent que, trop lourd et trop maladroit pour chasser ses proies, il devait se nourrir de charognes; au contraire, d'autres pensent qu'il était relativement agile pour un animal de sa taille et qu'il aurait pu chasser en groupe pour s'attaquer aux grands Sauropodes, comme Apatosaurus et Diplodocus.
Alors, Allosaurus: charognard ou prédateur? Quelle était sa technique de chasse?
Une équipe de paléontologue britanniques et américains pense avoir résolu une bonne partie du problème. A partir d'images de fossiles produites par tomographie numérique, les scientifiques ont reconstitué le crâne d'Allosaure pour calculer les propriétés des os et des muscles masticateurs qui les recouvraient sur l'animal vivant.
Ainsi, en appliquant une technique, utilisée pour évaluer notamment la résistance à la traction ou à la compression de structures de génie civil sur ce crâne virtuel, ils en ont déduit que ses mâchoires exerçaient une pression étonnamment faible pour un tel animal: elle était de l'ordre de 200 kg par dent, soit une pression inférieure à celle des loups ou des panthères actuels, et six fois moins importante que celle de son cousin cadet, le Tyrannosaurus rex du Crétacé.
La modélisation du crâne d'Allosaurus a permis de lui appliquer une technique empruntée au génie civil.
Son efficacité n'était donc pas dans la force de son mordant, mais dans sa capacité d'attaquer les proies de front et par surprise.
Ainsi, la technique de chasse de l'Allosaure devait être une attaque éclair, au cours de laquelle il projetait sa tête comme une hache pour découper et arracher des morceaux de chair, à l'instar des varans de Komodo d'aujourd'hui, et contrairement au Tyrannosaure qui allait jusqu'à broyer les os de ses proies.
Même s'ils ne parvenaient pas toujours à tuer leur victime du premier coup, les profondes blessures causées ne tardent pas à s'infecter en raison des quantités de bactéries et microbes laissées dans les plaies par les dents de ces chasseurs et charognards, et l'animal affaibli devient vite une proie facile...
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