Xenotarsosaurus
Fiche descriptive
¤ Etymologie du nom: "Lézard à la cheville étrange."
¤ Position dans la classification: Ceratosauria - Abelisauroidea - Abelisauridae
¤ Eres géologiques: Crétacé supérieur (Cénomanien supérieur-Turonien inférieur : ~ entre 95 et 92 millions d’années).
¤ Taille estimée: ~ 5 m de long.
¤ Poids estimé:
¤ Régime alimentaire: carnivore
¤ Répartition géographique: Formation Bajo Barreal (Membre inférieur), Estancia Ocho Hermanos, province de Chubut, Argentine.
¤ Découvert en: 1980
Les différentes espèces
- Xenotarsosaurus bonapartei (Martínez, R.D. et al., 1986).
L’adjectif spécifique honore le paléontologue argentin José Fernando Bonaparte.
Inventaire des fossiles retrouvés
- Cotype : UNPSJB-PV 184 et PV 612 deux vertèbres dorsales antérieures et un membre postérieur droit représenté par le fémur, le tibia, la fibula et l’astragalocalcaneum.
Caractères propres à ce dinosaure
- Xenotarsosaurus est un théropode qui n’est connu que par des restes fragmentaires découverts en 1980 sur les terres de l’Estancia Ocho Hermanos dans la province de Chubut en Patagonie. Son nom signifiant lézard à la cheville étrange lui fut donné en raison de l’existence chez ce taxon d’une importante fusion de l’astragale avec le calcaneum, à tel point qu’il n’est pas possible de délimiter les deux éléments. En 1986, Martínez et al. placèrent cet animal parmi les Abelisauridae en raison de ressemblances avec Carnotaurus (qui à l’époque était le seul autre abélisauridé connu avec Abelisaurus). Par la suite, plusieurs auteurs exclurent Xenotarsosaurus des abélisauridés (Coria and Rodríguez, 1993; Coria and Salgado, 1998; Sampson et al., 1998). Mais selon Carrano et al. (2008), plusieurs caractères supportent le placement de Xenotarsosaurus parmi les Abelisauroidea et probablement parmi les Abelisauridae. Il s’agit, entre autre, des vertèbres dorsales antérieures dont les centra présentent des faces articulaires antérieures plates et postérieures concaves, une tête fémorale orientée antéromédialement, une extrémité distale du fémur qui porte le long de sa marge antéromédiale une crête bien marquée, une grande crête cnémiale du tibia, et une extrémité distale du tibia élargit médiolatéralement pour recevoir la fibula. Il reste néanmoins que les fossiles de Xenotarsosaurus ne sont plus diagnostiques au niveau générique, car les caractères de la cheville de ce dinosaure sont maintenant connus aussi chez d’autres abélisauridés (Carrano et al., 2008, Novas, 2009). Malgré cela, ces auteurs ne font pas de Xenotarsosaurus un nomen dubium. Toutefois, en 1993, Coria et Rodríguez, le considérait comme un nomen vanum et un Ceratosauria incertae sedis).
Xenotarsosaurus est-il un Rugops sud-américain ?
- En 2002, Lamanna et al. décrivirent un maxillaire isolé (UNPSJB-PV 247) provenant également d’Ocho Hermanos et découvert à 150 mètres de l’endroit où furent trouvés les restes de Xenotarsosaurus. Ces auteurs attribuèrent cet os à un abélisauridé indéterminé en considérant qu’il ne peut être comparé à Xenotarsosaurus, ce dernier n’étant représenté que par des restes postcrâniens. Lamanna et al. considérèrent qu’il y a peu de chance que ce maxillaire appartienne à Xenotarsosaurus car ce dernier serait un spécimen adulte (d’après les sutures vertébrales fermées) plus petit que l’abélisauride propriétaire du maxillaire isolé. Mais Carrano et al. (2008) font remarqués que la fermeture suturale n'est pas nécessairement un indicateur de la taille maximale individuelle chez les dinosaures, mais peut simplement identifier le stade de maturité squelettique. Certaines espèces de dinosaures pouvant présenter en effet, d’importantes variations de tailles à l'âge adulte comme cela a été avancé pour les ptérosaures (Unwin, 2001). Ainsi, pour Carrano et al., il n’est pas impossible que le maxillaire isolé et les restes de Xenotarsosaurus, lesquels proviennent tous les deux d’Ocho Hermanos, représentent une seule et même espèce de théropode.
- En 2004, Sereno et Brusatte remarquent d’énormes ressemblances entre le maxillaire isolé d’Ocho Hermanos et le maxillaire d’un abélisauridé d’Afrique du Nord qu’ils viennent de décrire sous le nom de Rugops primus à partir d’un crâne incomplet d’un individu plus petit (subadulte) que le spécimen argentin. De forme similaire, les maxillaires d’Argentine et du Niger présentent quasiment la même ornementation sur la surface de l’os avec une prédominance des sillons par rapport aux petits trous, et une série inhabituelle de sillons courbés sous la fenêtre antéorbitaire. Les détails internes des deux maxillaires correspondent également, tels que la position relativement élevée de la lame dentaire et les fines stries marquant sa surface. Tous ces caractères indiquent que le maxillaire argentin doit appartenir, soit à un genre très étroitement apparenté à Rugops, soit à un spécimen sud-américain du genre Rugops (qui n’appartiendrait pas forcément à la même espèce). Carrano et al. (2008) n’excluent pas la possibilité qu’un squelette partiel d’abélisauridé (MPM-99, composé de la 10ème vertèbre cervicale, la première vertèbre dorsale, un centrum de vertèbre dorsale et trois vertèbres caudales médianes) trouvé sur un autre site de la Formation Bajo Barreal (mais localisé dans la province de Santa Cruz) et décrit par Martínez et al. en 2004, pourrait également appartenir au même taxon que celui d’Ocho Hermanos. Mais ce n’est probablement pas le cas car, en 2012, Lamanna et al. signalent la découverte d’un nouveau squelette partiel d’abélisauridé (UNPSJB-PV 1003) dans le Membre inférieur de la Formation Bajo Barreal dans la province de Chubut. Ce spécimen inclut la moitié postérieure du crâne, les deux dentaires, des dents isolées, un sacrum partiel, 23 vertèbres caudales, au moins deux côtes dorsales, 15 chevrons, la scapula gauche et la plus grande partie du tarse et du pied droit. Selon Lamanna et al., les vertèbres caudales de UNPSJB-PV 1003 diffèrent de celles de MPM-99 par plusieurs caractères, ce qui suggère la présence de deux abélisauridés différents dans cette formation géologique. UNPSJB-PV 1003 n’a pas conservé d’éléments en commun avec Xenotarsosaurus empêchant ainsi toutes comparaison entre ces deux spécimens. Le nouveau squelette argentin montre toutefois des caractères primitifs que l’on observe également chez Rugops primus tel qu’une ornementation crânienne minimale, des frontaux non épaissis et la présence d’une fenêtre entre le lacrymal, le frontal et le postorbitaire. Mais il présente aussi des caractères originaux, de sorte que pour Lamanna et al., UNPSJB-PV 1003 représente probablement un nouveau taxon. Mais il va falloir attendre la description complète de ce spécimen pour savoir si il s’agit d’un nouveau genre ou d’une nouvelle espèce de Rugops.
- Si les trois spécimens d’abélisauridés de la Formation Bajo Barreal de la province de Chubut (Xenotarsosaurus, le maxillaire d’Ocho Hermanos et UNPSJB-PV 1003) représentent un seul et même théropode, et que celui-ci se révèle congénérique avec le Rugops africain, alors ce dernier deviendrait un synonyme junior de Xenotarsosaurus. Mais comme les restes de Xenotarsosaurus ne sont plus diagnostiques au niveau générique, ce serait probablement le nom de Rugops qui serait conservé.
Faune dinosaurienne associée
- A Ocho Hermanos, les restes de Xenotarsosaurus ont été trouvé en compagnies de ceux du titanosaure basal Epachthosaurus sciuttoi. D’autres sites du Membre inférieur de la Formation Bajo Barreal, ont aussi livrée le titanosaure Elaltitan, un titanosauriforme non décrit représenté par un crâne complet articulé, ainsi que l’ornithopode Notohypsilophodon et le coelurosaure Aniksosaurus.
Publications
- Martínez, R. D., Giménez, O., Rodríguez, J. & Bochatey, G. 1986. Xenotarsosaurus bonapartei nov. gen. et sp. (Carnosauria, Abelisauridae), un nuevo Theropoda de la Formación Bajo Barreal, Chubut, Argentina. Actas IV Congreso Argentino de Paleontología y Bioestratigrafía 2: 23–31.
- Coria, R.A. and Rodríguez, J. (1993) Sobre Xenotarsosaurus bonapartei Martínez, Giménez, Rodríguez y Bochatey, 1986; un problematico Neoceratosauria (Novas, 1989) del Cretácico de Chubut, Ameghiniana 30(3): 326-327.
- Coria, R.A. & Salgado, L. 1998. A basal Abelisauria Novas 1992 (Theropoda-Ceratosauria) from the Cretaceous of Patagonia, Argentina, pp. 89–101 in B. Pérez-Moreno, T. R. Holtz, Jr., J. L. Sanz, and J. Moratalla (eds.), Aspects of Theropod Paleobiology. Gaia 15:89–102.
- Sampson, S.D., Witmer, L.M., Forster, C.A., Krause, D.W., O’Connor, P.M., Dodson, P., and Ravoavy, F. 1998. Predatory dinosaur remains from Madagascar: implications for the Cretaceous biogeography of Gondwana. Science 280:1048–1051.
- Unwin, D. M. 2001. Patterns and processes of gigantism in pterosaurs. Journal of Morphology 248: 292.
- Lamanna, M. C., Martinez, R. D. & Smith, J. B. (2002) A definitive abelisaurid theropod dinosaur from the early Late Cretaceous of Patagonia. Journal of Vertebrate Paleontology 22, 58–69.
- Martínez, R.D., Novas, F. E. & Ambrosio, A. 2004. Abelisaurid remains (Theropoda, Ceratosauria) from southern Patagonia. Ameghiniana 41: 577–585.
- Sereno, P. C., Wilson, J. A. & Conrad, J. L. , (2004). New dinosaurs link southern landmasses in the Mid-Cretaceous. Proceedings: Biological Sciences: p.1471-2954.
- Carrano, M.T. and Sampson, S.D. (2008). The phylogeny of Ceratosauria (Dinosauria: Theropoda). Journal of Systematic Palaeontology 6(2):183-236.
- Novas, F.E. 2009. Cretaceous theropods. In: J.O. Farlow (ed.). The age of dinosaurs in South America, University of Indiana Press, p.242-340.
- Lamanna, M.C., Casal, G.A., and Martínez, R.D. (2012) A new abelisaurid (Theropoda: Ceratosauria) skeleton from the Upper Cretaceous Bajo Barreal Formation of Chubut Province, Argentina. Society of Vertebrate Paleontology 72nd Annual Meeting, p.124.