Fiche descriptive
¤ Etymologie du nom: "Du Français canard une allusion au fait que cet animal appartient aux hadrosaures lesquels sont aussi connus sous le nom de dinosaures à bec de canard."
¤ Position dans la classification: Hadrosauroidea - Hadrosauridae - Lambeosaurinae - Aralosaurini
¤ Eres géologiques: Crétacé supérieur (Maastrichtien supérieur: ~ 67,5 à 66 millions d’années).
¤ Taille estimée:
¤ Poids estimé:
¤ Régime alimentaire: herbivore
¤ Répartition géographique: France, Haute-Garonne : Marignac-Laspeyres (Tricouté 3) et Larcan.
¤ Découvert en:
Les différentes espèces
- Canardia garonnensis (Prieto-Márquez, A. et al., 2013).
L’adjectif spécifique fait référence au département de la Haute-Garonne d’où proviennent les fossiles de cet animal.
Inventaire des fossiles retrouvés
- MDE-Ma3–16, Holotype, un maxillaire droit presque complet.
- Spécimens référés : MDE-Ma3–12 (une scapula gauche partielle) ; MDE-Ma3–15 (un maxillaire gauche partiel) ; MDE-Ma3–17 (un carré gauche) ; MDE-Ma3–18 (un préfrontal droit) ; MDE-Ma3–19 (un surangulaire gauche partiel) ; MDE-Ma3–20 (un humérus gauche) ; MDE-Ma3–21 (une scapula gauche partielle) ; MDE-Ma3–23 (un pubis droit partiel) ; MDE-Ma3–24 (une plaque sternale gauche partielle) ; MDE-Ma3–25 (une couronne de dent dentaire) ; MDE-Ma3–26 (une batterie dentaire partielle du dentaire) ; MDE-Ma3–28 (un articulaire droit) ; MDE-Ma3–29 (un postorbitaire droit partiel) ; MDE-Ma3–30 (un ptérygoïde droit partiel) et REP-LCR-k6-001 (un carré droit partiel associé à un maxillaire droit presque complet).
Découverte
- Canardia est un hadrosaure lambeosaurine connu par divers restes crâniens et postcrâniens découverts dans plusieurs sites du sud-ouest de la France (Haute-Garonne). La plupart des spécimens proviennent des environ de Marignac-Laspeyres et furent trouvés dans la partie basale de la Formation des Marnes d’Auzas qui correspond à un milieu laguno-continental. Ces restes appartiennent à au moins deux individus différents comme l’indique la présence de deux scapula gauche parmi l’échantillonnage. Les éléments crâniens comportent également deux maxillaires (gauche et droit), un préfrontal droit, un postorbitaire droit, un carré gauche, un ptérygoïde droit, un surangulaire gauche, un articulaire droit, une dent isolée et une portion de batterie dentaire. Le matériel postcrânien est représenté par quelques éléments des membres antérieurs et un os du bassin. Tous ces restes semblent appartenir à des spécimens immatures. Ces spécimens furent dans un premier temps provisoirement attribués à Pararhabdodon sp. (Laurent, 2003) un genre espagnol qui à l’époque était le seul lambeosaurine connu en Europe.
Caractères propres à ce dinosaure
- Canardia possède un maxillaire ayant une région rostrodorsale élargit qui forme un rebord proéminent subrectangulaire qui s’élève verticalement au-dessus du processus rostroventral. Ce caractère est également connu chez Aralosaurus tuberiferus une espèce d’Asie centrale qui vécut 20 millions d’années avant Canardia. Le maxillaire de Canardia diffère toutefois de celui d’Aralosaurus par son plateau ectoptérygoïde subhorizontal (il est parallèle au segment postérieur de la rangé dentaire) alors qu’il est nettement incliné chez Aralosaurus. Ces deux genres diffèrent aussi par la forme de leur préfrontal. Canardia et Aralosaurus semblent donc être de proches parents, aussi Prieto-Márquez et al. les ont réunis dans un nouveau groupe de lambeosaurines basaux qu’ils nomment Aralosaurini.
Un des derniers dinosaures d'Europe
- En 2010, Bilotte et al. décrivent un maxillaire et un carré provenant de sédiments marins (Formation des Calcaires marneux de Gensac) dans une carrière à Larcan toujours en Haute-Garonne. Ces deux spécimens furent trouvés dans un niveau stratigraphique situé environ un mètre sous la limite K/T. Ce qui prouve que des dinosaures étaient encore présent dans les niveaux les plus élevés du Maastrichtien supérieur de l’île Ibero-Occitane (comme le suggère aussi divers spécimens espagnols). Le maxillaire de Larcan présente toutes les particularités anatomiques reconnues chez les maxillaires de Canardia provenant de Marignac. Aussi, Prieto-Márquez et al. attribuent également le spécimen de Larcan à Canardia garonnensis, dont il représente un individu ayant vécu un peu plus tard que les spécimens de Marignac. Le spécimen de Larcan semble aussi appartenir à un spécimen juvénile, dont les restes auraient été charriés par un fleuve jusqu’à la mer. Canardia fait donc partie des tout derniers dinosaures non aviens que la Terre ait portés, et il est probable que ce genre était encore présent au moment de la chute d’un astéroïde géant au Mexique.
Diversité des lambéosaurinés franco-espagnols
- Avec la création du genre Canardia, la diversité des lambeosaurines de l’île Ibero-Occitane s’élève à quatre genres. Outre le nouveau taxon de Haute-Garonne, il y a aussi trois formes espagnoles, les genres Pararhabdodon, Arenysaurus et Blasisaurus. Cependant il existe une incertitude sur la validité des quatres genres, le problème est que chacun ont été décrits à partir de caractéristiques provenant d’une partie du squelette qui généralement n’a été conservée que chez l’un ou l’autre de ces genres, ce qui limite les comparaisons entre eux. Parmi les rares éléments de comparaison disponible, figure le maxillaire de Pararhabdodon et ceux de Canardia et leur morphologie très différente confirme la présence d’au moins deux lambeosaurines distincts dans le Maastrichtien supérieur du sud-ouest de l’Europe. Là où l’affaire ce complique, c’est que l’on a aussi décrit deux lambeosaurines provenant des environs d’Arén dans la province de Huesca en Aragon. Arenysaurus fut nommée à partir de caractéristiques du toit crânien (inconnu chez Blasisaurus), et Blasisaurus nommé lui à partir de plusieurs caractères du jugal (chez Arenysaurus, le jugal n’est représenté que par des spécimens incomplet auxquels manque les parties caractéristiques qui auraient pu être comparées au jugal de Blasisaurus). Les découvreurs de ces deux espèces pensaient également pouvoir les distinguer sur la base de différences dans les proportions du dentaire et des caractères de la dentition. Mais Prieto-Márquez et al. (2013) ont montrés que ces différences correspondent à des variations individuelles, lesquelles ont notamment été mise en évidence chez des hadrosaures parmi les mieux connus au monde. Donc dans l’état actuel des connaissances, et faute d’éléments de comparaisons, rien ne permet de valider ou d’infirmer la synonymie de Blasisaurus avec Arenysaurus. Pour compliquer les choses, ces deux genres ne peuvent pas être comparés aux genres Pararhabdodon et Canardia. Bien qu’il existe quelques pièces en commun pour tous ces animaux, ces spécimens sont soit trop fragmentaires pour dire quoi que ce soit (c’est le cas des maxillaires d’Arenysaurus et Blasisaurus) soit sont sujets à des variations individuelles (divers éléments crâniens et postcrâniens). Pour le reste le toit crânien et le jugal sont inconnu aussi bien chez Pararhabdodon que chez Canardia. Au final, on peu dire que le genre Pararhabdodon sera conservé puisqu’il s’agit du premier lambeosaurine européen à avoir été décrit à partir de restes diagnostiques. En revanche, plusieurs incertitudes demeure, Blasisaurus est-il un synonyme junior d’Arenysaurus ? Arenysaurus et/ou Blasisaurus sont-ils des synonymes junior du Pararhabdodon ? Si tel est le cas, Canardia serait bien le nom valide de l’aralosaurine du sud-ouest de l’Europe. Enfin, Canardia est-il un synonyme junior d’Arenysaurus et/ou de Blasisaurus ? Autre possibilité, les fossiles aragonais appartiennent à un ou deux lambeosaurines effectivement distincts du Pararahbdodon et du Canardia. Les réponses à ces questions passeront par la découverte de spécimens plus complets de ces animaux permettant des comparaisons fiables. À ce titre le site de Basturs Poble dans la province de Lleida est prometteur puisqu’il s’agit du premier bonebed à hadrosaure en Europe, un site qui à déjà livré plus de 800 ossements de lambeosaurines dont l'étude est en cours.
Paléobiogéographie
- La parenté de Canardia avec un hadrosaure du Kazakhstan confirme l’existence d’échange faunique entre les îles de l’archipel européen et le continent asiatique. Canardia et Aralosaurus sont distant temporellement d’au moins 20 millions d’années. Comme aucun lambeosaurinés n’est connu dans les riches gisements du Campanien et du Maastrichtien inférieur de l’île Ibero-Occitane, les descendants d’Aralosaurus ont du atteindre cette île assez tardivement, peut être à la fin du Maastrichtien inférieur ou durant le Maastrichtien supérieur. Cette migration a du s’effectuer à la faveur de connexion terrestres temporaires d’une part entre les terres émergées d’Asie de l’ouest et les îles orientales de l’archipel européen, et d’autres part entre les différentes îles européennes jusqu’à l’île Ibero-Occitane qui était la plus occidentale des îles de l’archipel. Le même scénario s’applique probablement pour expliquer la présence sur cette île d’un autre lambeosaurine d’affinité asiatique, le genre Pararhabdodon qui est proche du Tsintaosaurus chinois (qui vécut 15 millions d’années plus tôt). Quoi qu’il en soit, Canardia et Pararhabdodon appartiennent tout les deux à des groupes de lambeosaurines plutôt archaïque pour leur époque (respectivement les Aralosaurini et les Tsintaosaurini) et l’île Ibero-Occitane constitua peut être un ultime refuge pour ces groupes anciens d’hadrosaures lambeosaurines.
Reconstitution de la vie de ce dinosaure
- Vu la nature incomplète des restes de Canardia on ne peut pas dire grand chose à son sujet. Sans doute devait-il vivre en troupeau ou tout au moins en groupe de quelques individus. On ignore si il portait une crête osseuse creuse sur le crâne comme la plupart des lambeosaurines. Son proche parent Aralosaurus semble avoir posséder une structure creuse (une crête ou une bosse) en avant des yeux. Mais comme seul un fragment de cette structure a été conservé, sa taille et sa forme nous sont malheureusement inconnus. Peut être que Canardia arborait une structure similaire, mais il faudra trouver des restes crâniens beaucoup plus complets pour le confirmer.
Galerie d'images
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Canardia garonnensis, MDE-Ma3–1, maxillaire gauche en vues dorsale (A), latérale (B) et médiale (E). Détails de la face linguale des couronnes dentaires en C et D. D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
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Canardia garonnensis, préfrontal droit en vues dorsale (A), latérale (D), médiale (E) et caudale (F) ; postorbitaire droit en vues latérale (B) et médiale (C) ; carré gauche en vues latérale (G), antérieure (H), médiale (I) et postérieur (J). D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
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Canardia garonnensis, ptérygoïde droit en vue latérale (A) et médiale (B). D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
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Canardia garonnensis, surangulaire gauche en vues dorsale (A), latérale (B) et médiale (C) ; articulaire droit en vues latérale (D) et médiae (E). D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
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Canardia garonnensis, portion d’une batterie dentaire du dentaire en vues dorsale (A) et linguale (B) ; détail des couronne dentaire du spécimen précédent en vue linguale (C et E) ; dent dentaire isolée (D). D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
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Canardia garonnensis, scapula gauche en vue latérale (A) ; plaque sternale gauche en vue ventrolatérale (B) ; lame distale d’une scapula gauche en vue latérale (C) ; pubis droit en vue latérale (D) ; humérus gauche en vues médiale (E), antérieure (F) et latérale (G). D’après Prieto-Márquez et al., 2013.
Actualité de ce dinosaure
Publications
- Laurent Y (2003) Les faunes de vertébrés continentaux du Maastrichtien supérieur d’Europe: systématique et biodiversité. Strata 41: 1–81.
- Bilotte, M., Laurent, Y., Téodore, D. 2010. Restes d’hadrosaure dans le Crétacé terminal marin de Larcan (Petites Pyrénées, Haute-Garonne, France): Carnets de Géologie/Notebooks on Geology, 2010/02, pp. 1-10.
- Prieto-Márquez, A.; Dalla Vecchia, F. M.; Gaete, R.; Galobart, À. (2013). Diversity, Relationships, and Biogeography of the Lambeosaurine Dinosaurs from the European Archipelago, with Description of the New Aralosaurin Canardia garonnensis. In Dodson, Peter. PLoS ONE 8 (7): e69835.