@capbot : La cladistique est une méthode qui permet de produire une hypothèse de phylogénie, si on veut vraiment être précis.
@Theropod : D'abord désolé je n'avais pas vu que tu avais déjà commenté l'article.
Je trouve cette méthode extrêmement gênante pour 2 raisons que je vais tenter d'expliquer.
D'abord, il faut savoir que si les méthodes probabilistes ne sont utilisées qu'en moléculaire c'est pour une bonne raison. Les caractères moléculaires ne sont pas ambigus (un A est toujours un A), et assez nombreux pour permettre une analyse statistique de leurs occurences, ou des probabilités de passage de l'un à l'autre. Des algorithmes sont spécialement conçus pour optimiser ces probabilités durant l'analyse, pour avoir le modèle le plus "réaliste" possible. Cette approche est déjà critiquée par certains, qui jugent qu'elle apporte des hypothèses supplémentaires ad hoc. Mais elle est massivement utilisée en moléculaire (plus personne ou presque ne fait de parcimonie en moléculaire).
A l'inverse, les caractères morphologiques sont ambigus au niveau de l'homologie primaire (on ne sait pas a priori si deux caractères présents dans deux taxons sont homologues ou non). Il est donc difficile d'envisager une mesure statistique de leurs occurences ou quoi que ce soit d'autre.
Et puis, les méthodes de ML/Bayésien se basent sur des modèles de probabilité. Tu peux m'estimer la probabilité d'apparition d'un caractère morphologique, toi ?
Je trouve que c'est une dérive inquiétante d'employer des méthodes parce que ça fait "mode". Ces gens font clairement du ML "pour faire comme les molécularistes". Autant dire que c'est pas comme ça qu'on produira des résultats sérieux.
Et évidemment, ça passe dans une revue d'assez haut facteur d'impact. Plus c'est gros, plus ça passe.
Alors maintenant passons aux critiques de l'article lui-même.
Ils font du ML, ils font leurs originaux, soit. Mais a-t-on une présentation détaillée de la méthode ? A-t-on une matrice de passage pour les proba ? Rien. La matrice de caractères utilisée est celle de l'article original. Super, ils se sont trop foulés, quoi.
Donner les infos de matériel et méthodes, c'est la base de la reproductibilité. Sans reproductibilité, on ne fait plus de la science. Pourtant, les articles qui donnent leurs matrices de caractères (notamment les alignements en moléculaire) sont de plus en plus rares.
Ensuite, je veux bien, à la limite, envisager qu'une analyse en maximum de vraisemblance soit faite en morpho. Mais dans ce cas, par des gens qui connaissent extrêmement bien le groupe d'étude, et ses caractères (ça vaut d'ailleurs pour toute analyse phylogénétique). Ce n'est pas le cas ici. Je ne connais pas le deuxième auteur, mais le premier s'est illustré par ses travaux sur...les pareiasaures ! Avant de sombrer dans le côté obscur de la Force.
Finalement, tu dis que leur résultat n'est pas si choquant. Certes, mais ils trouvent quand même les tyrannosauroidea paraphylétiques ; et Haplocheirus n'est pas sensé être un Alvarezsauridé ? D'ailleurs, ce n'est pas à son résultat qu'on juge la fiabilité d'une analyse phylogénétique, surtout si ce résultat se rapproche des études précédentes (ce n'est pas compliqué de trouver des caractères qui retrouvent les clades qu'on connaissait déjà), sauf bien sûr s'il s'agit de "placer" un nouveau taxon dans l'analyse.
Autre remarque (mais là ça vaut aussi pour l'article original) : je trouve ça étrange de tester les relations des Avialae + Deinonychosauria en ayant plus de taxons extérieurs à ce groupe dans l'échantillonnage !
Donc pour moi, une étude qui ne vaut rien. Si la même était faite par un(e) spécialiste des Avialae, avec une matrice plus adaptée et en expliquant plus clairement la méthode, je penserai autrement.
n.g: nouveau genre
n.sp.: nouvelle espèce
n.comb.: nouvelle combinaison (les noms de genre et espèces existaient déjà mais c'est la 1ère fois que cette espèce est attribuée à ce nom de genre).
nomen nudum: description scientifique pas encore publiée
nomen dubium: nom douteux
Entre autre, on peut en retenir qu'il montre l'ancrage des Alvarezsauroidea dans les dinosaures non aviens (à la base des Maniraptora), ça ne fait plus de doute.
C'est un dinosaure du Jurassique, ça fait du bien après tous les dinos chinois du Crétacé... Du coup, c'est le plus vieux représentant des Alvarezsauroidea.
Jonah N. Choiniere, X. Xu, J.M. Clark, C.A. Forster, Y. Guo, F. Han. 2010. A
Basal Alvarezsauroid Theropod from the Early Late Jurassic of Xinjiang,
China. Science 327:571-574
Haplocheirus est un Alvarezsauroïde du début du Jurassique supérieur... un squelette quasi complet, du Xinjiang.