En plus des êtres vivants disparus et des variations climatiques précédemment discutées, de très nombreux indices géologiques ont été découverts et sont indispensables pour tenter de comprendre ce qui s’est effectivement passé il y a 65 millions d’années.
En Inde, il est possible d’observer d’immenses empilements de lave basaltique, qui se sont formés au cours de la crise Crétacé-Tertiaire, connus sous le nom de trapps du Deccan.
La dimension des trapps du Deccan suggère que la formation de ceux-ci a été un événement volcanique majeur de l’histoire de la Terre. Ainsi, selon Vincent Courtillot, certaines coulées recouvrent plusieurs dizaines de milliers de km2, et leur volume dépasse 10 000 km3 ; l’épaisseur des coulées est en moyenne comprise entre 10 et 50 mètres, mais certaines atteignent 150 mètres ; dans la partie occidentale de l’Inde, l’épaisseur totale des trapps dépasse 2400 mètres (la moitié de la hauteur du Mont Blanc). A l’origine, l’ensemble devait recouvrir plus de 2 millions de km2, et le volume de lave dépasser 2 millions de km3.
Cet épisode volcanique est donc exceptionnel ; il existe également de telles formations en Sibérie et en Ethiopie, elles-même associées à des périodes d’extinction (respectivement crise Permo-Trias [-250 millions d’années] et la " Grande Coupure ", à la fin de l’Eocène [-34 millions d’années]). Mais récemment, une datation plus précise des trapps d’Ethiopie (-30 millions d’années) a révélé qu’il n’y avait probablement pas de relation de cause à effet entre cet épisode volcanique et la phase d’extinction de masse Eocène/Oligocène.
La datation des trapps du Deccan par les radio-isotopes et par le paléomagnétisme montre que des coulées se sont déposées pendant une période assez brève géologiquement parlant : entre 63 et 68 millions d’années (plus probablement sur une période d’un peu plus d’un million d’années). Les sédiments situés sous les premières coulées de laves renferment des fragments d’ossements de dinosaures qui datent du Maastrichtien, dernière subdivision du Crétacé. On a également retrouvé des dents de dinosaures et de Mammifères, et des fragments d’œufs de dinosaures, toujours d’âge maastrichtien, dans les couches sédimentaires intercalées entre certaines coulées situées à la base des trapps. Encore plus récemment, les ossements d'un nouveau dinosaure, Rajasaurus, ont été trouvés dans des sédiments associés à l'épisode volcanique du Deccan.
Les mécanismes de formation de ces épisodes d’épanchements volcaniques sont maintenant bien compris ; il s’agit d’un volcanisme de point chaud, comme celui du Kilauea à Hawaï ou du Piton de la Fournaise à la Réunion (voir ci-dessous). Ils sont la conséquence de la remontée de roches chaudes du manteau terrestre vers la surface.
Episode d'éruption du Piton de la Fournaise à la Réunion, en 1986, où plus de 12 millions de m3 de laves ont été émises.
Les volcans les plus productifs sont ceux de l'île d'Hawaï (Mauna Loa et Kilauea), à l'origine de la moitié des laves émises à la surface de la Terre depuis 2000 ans. Comme à la Réunion, il s'agit d'un volcanisme de point chaud.
Les perturbations de l’environnement mondial responsables de la fin des dinosaures seraient-elles dues aux effets des produits éjectés par ce volcanisme intense ? Nous en reparlerons plus loin ; pour l’instant, continuons notre collecte des indices de la crise...
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