Fiche descriptive

¤ Etymologie du nom: "Lézard d’Aral (d’après la Mer d’Aral, située non loin du site de découverte)."

¤ Position dans la classification: Hadrosauroidea - Hadrosauridae - Lambeosaurinae - Aralosaurini

¤ Eres géologiques: Crétacé supérieur (Santonien supérieur-Campanien inférieur : ~ 85 à 80 millions d’années).

¤ Taille estimée: 6,50 m de long (l’unique spécimen connu est un individu immature).

¤ Poids estimé:

¤ Régime alimentaire: herbivore

¤ Répartition géographique: Formation Bostobynskaya, Beleutinskaya Svita : Sakh-Sakh, Kazakhstan.

¤ Découvert en: 1957



Les différentes espèces

Inventaire des fossiles retrouvés

PIN 2229/1 Holotype, un crâne partiel incluant la plus grande partie du toit crânien, la boîte crânienne et une partie du côté gauche de la région faciale.

Caractères propres à ce dinosaure

  • Le crâne partiel de cet hadrosaure fut découvert en 1957, lors d’une expédition soviétique effectuée dans le centre du Kazakhstan (qui à l’époque faisait parti de l’URSS). Ce spécimen fut décrit en 1968 par Rozhdestvensky qui nomma l’animal Aralosaurus. A l’époque, Rozhdestvensky insista sur le fait que le crâne d’Aralosaurus ressemblait superficiellement au crâne du Kritosaurus (aujourd’hui Gryposaurus) et l’animal fut classé parmi les hadrosaurines, des hadrosaures dépourvus de crête crânienne ou à crête osseuse pleine. Une conclusion suivie par divers auteurs ultérieurs tels que Weishampel et Horner (1990) qui notèrent qu’Aralosaurus présentait un profil similaire à celui du Gryposaurus, avec la présence d’une arche nasale en avant de l’orbite. A partir des restes disponible (il manque la mandibule, les prémaxillaires et une portion du nasal), Rozhdestvensky estima la taille du crâne à environ 65 cm et la taille de l’animal à environ 6,5 m de long. Comme les sutures crâniennes sont loin d’être soudée, ce spécimen fut considéré comme immature. En 2004, Godefroit et al. réétudièrent le crâne d’Aralosaurus et selon eux, les fragments osseux que Rozhdestvensky identifia comme la partie médiane de l’arche nasale et la portion postérieure du prémaxillaire semblent avoir disparus (ces fragments furent à l’origine trouvés isolément alors que le reste du crâne était articulé y compris un fragment postérieur du nasal). Du coup il n’est plus possible aujourd’hui de confirmer la présence d’une arche nasale chez Aralosaurus.
  • Godefroit et al. n’ont en fait trouvés aucun caractères diagnostiques démontrant l’appartenance de l’animal aux hadrosaurines. Au contraire, le crâne d’Aralosaurus présente des particularités (au niveau du maxillaire, du pariétal, du squamosal et surtout du nasal) qui indique plutôt son inclusion parmi les lambeosaurines (Horner l’avait d’ailleurs déjà suggéré en 1992). Le fragment postérieur du nasal, qui est clairement articulé au reste du crâne s’élève juste en avant des orbites pour former une sorte de structure ressemblant à une bosse ou une crête. Mais comme cette structure est cassée à sa base, il n’est pas possible d’en déduire sa forme. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’en vue rostrale, cette structure est clairement creuse, elle est profondément excavée rostralement par un large sillon qui communique directement avec la face ventrale de la partie postérieure du nasal. Il est donc clair, que chez Aralosaurus, la crête (ou la bosse) nasale entourait une partie de l’appareil respiratoire. L’extension de la cavité nasale à l’intérieur d’une crête creuse est généralement considéré comme la principale marque de fabrique des Lambeosaurinae, ce qui confirmerait bien l’appartenance d’Aralosaurus à ce groupe. Toutefois, Aralosaurus expose aussi plusieurs caractères crâniens qui indiquent qu’il occupait une position basale dans la classification des lambeosaurines. Bien que possédant une structure nasale creuse (dont la taille et la forme exacte nous sont encore inconnues), cette dernière était localisée devant les orbites, une position primitive chez les lambeosaurines. Chez les lambeosaurinés plus avancés, la crête nasale migre vers une position caudodorsale en raison de l’important développement des prémaxillaires chez ces formes. De plus, chez les lambeosaurines avancés, le toit crânien est modifié pour former une zone de fixation pour la crête creuse, alors que chez Aralosaurus le toit crânien ne présente pas de modification particulière.
  • Aralosaurus possède un maxillaire ayant une région rostrodorsale élargit qui forme un rebord proéminent subrectangulaire qui s’élève verticalement au-dessus du processus rostroventral. Récemment, ce caractère a aussi été trouvé chez un nouveau genre d’hadrosaure du Crétacé supérieur du sud de la France, appelé Canardia. Le maxillaire de Canardia diffère toutefois de celui d’Aralosaurus par son plateau ectoptérygoïde subhorizontal (il est parallèle au segment postérieur de la rangé dentaire) alors qu’il est nettement incliné chez Aralosaurus. Ces deux genres diffèrent aussi par la forme de leur préfrontal. Aralosaurus et Canardia semblent donc être de proches parents, aussi Prieto-Márquez et al. (2013) les ont réunis dans un nouveau groupe de lambeosaurines basaux qu’ils nomment Aralosaurini. Canardia vécut sur l’île Ibero-Occitane, la plus occidentale des îles de l’archipel européen du Maastrichtien supérieur, il y a environ 67 à 65 millions d’années. Canardia et Aralosaurus sont donc distant temporellement d’au moins 20 millions d’années. Comme aucun lambeosaurinés n’est connu dans les riches gisements du Campanien et du Maastrichtien inférieur de l’île Ibero-Occitane, les descendants d’Aralosaurus ont du atteindre cette île assez tardivement, peut être à la fin du Maastrichtien inférieur ou durant le Maastrichtien supérieur. Cette migration a du s’effectuer à la faveur de connexion terrestres temporaires d’une part entre les terres émergées d’Asie de l’ouest et les îles orientales de l’archipel européen, et d’autres part entre les différentes îles européennes jusqu’à l’île Ibero-Occitane. Le même scénario s’applique probablement pour expliquer la présence sur cette île d’un autre lambeosaurine d’affinité asiatique, le genre Pararhabdodon qui est proche du Tsintaosaurus chinois (qui vécut 15 millions d’années plus tôt). Quoi qu’il en soit, Canardia et Pararhabdodon appartiennent tout les deux à des groupes de lambeosaurines plutôt archaïque pour leur époque (respectivement les Aralosaurini et les Tsintaosaurini) et l’île Ibero-Occitane constitua peut être un ultime refuge pour ces groupes anciens d’hadrosaures lambeosaurines.

Reconstitution de la vie de ce dinosaure

Galerie d'images

Crâne d'Aralosaurus tuberiferus avec en blanc les éléments connus. L'apparence de la partie antérieure du crâne est incertaine.

Actualités de ce dinosaure

Publications

  • Rozhdestvensky, A.K. (1968). [Hadrosaurs of Kazakhstan]. In: Tatarinov, L. P., et al. (eds.). [Upper Paleozoic and Mesozoic Amphibians and Reptiles]. Akademia Nauk S.S.S.R. Moscow. Pp. 97-141
  • Weishampel, D.B., and Horner, J.R. (1990). Hadrosauridae, in : Weishampel, D.B., Dodson, P., and Osmólska, H., editors, The Dinosauria. Berkeley and Los Angeles: University of California Press, pp. 534-561.
  • Horner J.R. 1992. Cranial morphology of Prosaurolophus (Ornithischia: Hadrosauridae) with descriptions of two new hadrosaurid species and an evaluation of hadrosaurid phylogenetic relationships. Museum of the Rockies, Occasional Paper 2: 1–119.
  • Godefroit, P., Alifanov, V., and Bolotsky, Y. (2004) A re-appraisal of Aralosaurus tuberiferus (Dinosauria, hadrosauroidae) from the Late Cretaceous of Kazakhstan: Bulletin de L'Institut Royal, des Sciences Naturelles de Beligique, Sciences de la Terre, v. 74, supplement, p. 139-154
  • Prieto-Márquez, A.; Dalla Vecchia, F. M.; Gaete, R.; Galobart, À. (2013). Diversity, Relationships, and Biogeography of the Lambeosaurine Dinosaurs from the European Archipelago, with Description of the New Aralosaurin Canardia garonnensis. In Dodson, Peter. PLoS ONE 8 (7): e69835.