Parmi les nombreuses hypothèses pour expliquer la disparition des dinosaures, certains scientifiques ont émis l'idée d'un empoisonnement massif des dinosaures herbivores. La disparition de ces herbivores entraînant celle des carnivores qui s'en nourrissaient. Sur quelles études s'appuie cette hypothèse ?
Tout commence avec l'observation d'élevages d'une certaine espèce d'antilope : les koudous. Les koudous sont de grandes antilopes de la savane, habitant les régions reculées, sèches et vallonnées du lac Tchad à l'Ethiopie et à la Somalie, en Afrique orientale et méridionale.
C'est en 1981, dans des élevages de koudous en Afrique du sud que l'histoire se déroule. Cette année-là, les koudous y sont retrouvés morts au pied des arbres ou pendus aux grillages des fermes, comme s'ils avaient voulu fuir.
L'hiver a été rude, l'herbe est rare, mais les arbres dont les koudous se nourrissent habituellement ont encore leurs feuilles.
Pourtant, l'autopsie des animaux révèle que les koudous sont morts de faim, et d'indigestion car le peu de feuilles présentes dans l'estomac des animaux n'a pas été digéré.
L'analyse des feuilles contenues dans les estomacs des antilopes décédées montre la présence de tanins, substances produites par les arbres faisant partie de leur système de défense pour se protéger des microbes et des parasites, et qui empêchent la digestion des feuilles.
Pourquoi les arbres se sont-ils mis à produire des substances toxiques ? Pour le savoir, les scientifiques tentent une expérience: avec des cannes et des fouets, ils frappent les branches de certains arbres, comme le fait un koudou quand il mange les feuilles. Quelques heures plus tard, ils analysent la quantité de tanins dans ces feuilles: elle a considérablement augmenté.
En fait, dans la nature, les koudous peuvent régulièrement se déplacer et changer d'arbre pour éviter la formation de tanins. Au contraire, dans une petite ferme, ils sont obligés de se nourrir à partir de quelques arbres seulement, surtout s'il n'y a plus d'herbe, les grillages empêchant les animaux d'aller brouter les feuilles d'arbres plus lointains.
Dans les fermes d'élevage, un même arbre était donc attaqué par les koudous de très nombreuses fois et produisait de grandes quantités de tanins afin de dissuader les antilopes de dévorer leurs feuilles.
Depuis, les éleveurs ont donc compris qu'il fallait, pour empêcher ces drames, construire des enclos plus grands et diminuer les populations de koudous.
L'évolution a doté les koudous d'un moyen de détecter la présence de tanins par leur goût amer. Comme la plupart des Mammifères, ces antilopes n'apprécient en effet pas cette saveur. D'autre part, leur foie est capable, dans une certaine mesure, de détruire les substances toxiques contenues dans les aliments.
Des antilopes aux dinosaures, il n'y a qu'un pas, que certains scientifiques n'ont pas hésité à franchir : et si les dinosaures avaient eux-aussi succombé à un empoisonnement à grande échelle? A l'appui de cette hypothèse, un changement radical dans la végétation au cours du Crétacé : les Angiospermes [" plantes à fleurs "], apparues quelques millions d'années plus tôt (environ -150 millions d'années), se sont fortement répandues à la fin de l'ère des dinosaures. C'est à cette époque que les Angiospermes deviennent les végétaux dominants de la flore mondiale, rôle tenu par les conifères et autres Gymnospermes auparavant.
D'où les hypothèses que le foie des dinosaures n'était pas adapté à la détoxification des substances toxiques des Angiospermes et que les dinosaures n'étaient pas capables de reconnaître le goût amer de ces substances...
Mais ces hypothèses souffrent de tellement d'incohérences qu'elles ont été abandonnées depuis. En effet, elles ne reposent que sur des spéculations invérifiables. De plus, elles ne concernent que les dinosaures, qui ne représentent qu'une faible partie des espèces disparues il y a 65 millions d'années. D'autre part, une proportion non négligeable des derniers dinosaures herbivores ne consommaient pas d'Angiospermes. Enfin, l'hypothèse de l'empoisonnement n'explique pas la rapidité de l'extinction des dinosaures : une réaction massive et quasiment instantanée des plantes à fleurs, à l'échelle de toute la planète, est inenvisageable.
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