Amurosaurus

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lézard [du fleuve] Amour
Classification Ornitischiens>Hadrosauridés (Lambéosaurinés)
Epoque Crétacé sup. (~70-66 Ma.)
Taille adulte 7 à 8 m long - 2,5 m haut
Répartition Russie de l'Est
Régime
alimentaire
Herbivore
Date de sa découverte années 1980 (décrit en 1991)
Amurosaurus hypothétique
Vue d'artiste d'Amurosaurus riabinini (Sergey Krasovskiy)

Taille relative d'Amurosaurus Amurosaurus provient d'un site de fouilles en Russie sur les rives du fleuve Amour, à la frontière avec la Chine. La datation précise de ce site (Maastrichtien supérieur) fait d'Amurosaurus l'un des derniers représentants des Hadrosauridés, la famille d'Ornithopodes la plus variée, présente dans tout l'hémisphère Nord au Crétacé supérieur et dont le célèbre Parasaurolophus fait partie.

Reconstitution du squelette d'Amurosaurus
Reconstitution du squelette d'Amurosaurus. En noir sont indiqués les ossements qui n'ont pas encore été retrouvés en 2004 (Godefroit et al., 2004).

Des fouilles sont menées en Russie à Blagoveschensk depuis les années 1980. Le site n'a pour l'instant été fouillé que sur près de 300 m2, mais il a déjà livré plusieurs centaines d'ossements. La plupart (90%) appartiennent à Amurosaurus riabinini, les quelques pourcents restants appartiennent à Kerberosaurus manakini (un hadrosauriné à crâne plat). Ont également été découvertes quelques dents de théropodes, ainsi que des vertèbres de sauropode (2005).

Ces os sont mélangés en une sorte de " jeu de mikado ": presque aucun n'a été trouvé en connexion, et donc les os venant de plusieurs individus ont été complètement mélangés entre eux. Selon Pascal Godefroit, la raison de cette accumulation est que la région formait à la fin du Crétacé une plaine alluviale. Lors des périodes de crues, les eaux des rivières emportaient les carcasses des animaux morts à proximité des points d'eau. Les fragments de squelettes s'accumulaient à certains endroits, piégés par les méandres, ou déposés dans des eaux plus calmes.

Aperçu du site de Blagoveschensk
Aperçu du site de Blagoveschensk, d'où ont été extrait les ossements d'Amurosaurus (Godefroit et al., 2004).

Les fossiles retrouvés correspondent à une population composée essentiellement de juvéniles et de quelques adultes. Ce n'est pas étonnant étant donné qu'ils devaient être des proies plus faciles pour les dinosaures carnivores qui rôdaient autour des points d'eau, comme en témoignent les nombreuses traces de dents de Théropodes sur les fossiles d'Amurosaurus.

Une analyse sédimentologique a révélé que les carcasses et ossements retrouvés à Kundur (un site contemporain et distant d'environ 300 kilomètres) ont été emportés par des coulées de boue récurrentes en provenance du pied des montagnes avoisinantes. A l'époque, le climat devait donc être subtropical, ponctué de périodes de pluies abondantes.

Grâce à l'analyse de feuilles et de grains de pollen, les conditions écologiques locales sont en effet bien connues. Elles correspondent à la palynozone à Wodehouseia spinata, du nom du pollen caractéristique de cet assemblage. Fait important: certains gisements nord-américains contemporains possèdent la fameuse couche à iridium, qui marque un peu partout dans le monde la limite Crétacé-Tertiaire. Le gisement renfermant les ossements d'Amurosaurus fait donc partie de l'un des derniers gisements à dinosaures non aviens avant leur extinction il y a 65 millions d'années.

Seulement, les dinosaures trouvés de part et d'autre du Pacifique à cette époque ne sont pas du tout comparables: les faunes de vertébrés terrestres de la région de l'Amour sont dominées par les Hadrosaures et plus particulièrement les Lambéosaurinés comme Amurosaurus, alors qu'en Amérique du Nord, les Lambéosaurinés ont disparu quelques millions d'années avant l'extinction des dinosaures, remplacés par les Cératopsiens comme le fameux Triceratops. Ces deux régions étaient donc isolées géographiquement à la fin du Crétacé. Les dinosaures d'Amérique du Nord ne peuvent donc pas être représentatifs de la biodiversité de ces animaux avant leur extinction.

Mais bien qu'il date du Maastrichtien supérieur, Amurosaurus présente plusieurs caractéristiques primitives (notamment au niveau du crâne). Il témoigne donc par certains aspects des Hadrosaures archaïques, alors qu'il en est un de leurs derniers représentants. Quant à sa crête, elle a été retrouvée en 2005 et est conforme aux hypothèses des dessins prévus, ressemblant à celle de Corythosaurus et d'Hypacrosaurus, en plus discrète:

Crâne d'Amurosaurus
Les différents os du crâne (Godefroit et al., 2004).

Reconstitution du crâne avec une crête complétée par d'autres fossiles retrouvés en 2005. (Source de l'illustration).

Il n'existe qu'une seule espèce: Amurosaurus riabinini (nom d'espèce donné à en hommage à Riabinin, un chercheur russe de la première moitié du 20e siècle qui a travaillé sur les hadrosaures de la région). A. riabinini a été décrit officiellement en 1991, puis de manière plus précise en 2004 (description complète de tous les os trouvés jusque-là).

Fiche réalisée en collaboration avec Tikémi.