Fiche descriptive
¤ Etymologie du nom: "Du Grec eos, l’aube et d’Abelisaurus le genre type des Abelisauridae. Le nom Eoabelisaurus se réfère à la fois à l’appartenance de cet animal aux Abelisauridae (ou du moins aux Abelisauroidea) et au fait qu’il est nettement plus ancien que tous les autres membres du groupe."
¤ Position dans la classification: Ceratosauria -> Abelisauroidea -> Abelisauridae
¤ Eres géologiques: Début du Jurassique moyen (Aalénien-Bajocien : ~ 171 millions d’années)
¤ Taille estimée: Entre 6 m et 6,50 m de long
¤ Poids estimé:
¤ Régime alimentaire: carnivore
¤ Répartition géographique: Formation Cañadón Asfalto, Province de Chubut (Jugo Loco près du village de Cerro Cóndor), Argentine.
¤ Découvert en: 2009 et 2010
Les différentes espèces
- Eoabelisaurus mefi (Pol, D. et Rauhut, O.W.M., 2012).
L’adjectif spécifique mefi se réfère à l’abréviation du Museo Paleontológico Egidio Feruglio (MEF)
Inventaire des fossiles retrouvés
- MPEF PV 3990 (Holotype), un squelette presque complet incluant la moitié postérieure du crâne, cinq vertèbres cervicales, neuf vertèbres dorsales, le sacrum complet, 27 vertèbres caudales, le scapulocoracoïde gauche et droit, l’humérus gauche et droit, le radius gauche et droit, l’ulna gauche et droit, des carpes distaux des deux mains, les métacarpes I-IV des deux mains, cinq phalanges (dont un ungual) de la main gauche et six phalanges (dont un ungual) de la main droite, le bassin complet, les deux fémurs, les deux tibia et les deux fibula, les tarses et les métatarses, 12 phalanges (dont deux ungual) du pied gauche et 8 phalanges (dont un ungual) du pied droit.
Taphonomie
Le squelette d’Eoabelisaurus fut découvert dans la Formation Cañadón Asfalto qui est essentiellement constituée de dépôts lacustres. L’holotype d’Eoabelisaurus provient d’un niveau correspondant à une zone profonde de l’ancien lac qui recouvrait la région de Cerro Cóndor au Jurassique moyen (Pol et Rauhut, 2012 supl.mat). Quelque soit les causes de la mort de ce spécimen, son cadavre se retrouva dans les eaux de cet ancien lac et fini par couler dans une zone profonde de celui-ci. La disposition des ossements sur le terrain suggère que, avant le complet enfouissement du cadavre dans les sédiments lacustres, les vertèbres dorsales antérieures, les membres antérieurs et le cou furent légèrement disloqués tandis que le crâne subit un léger déplacement par rapport à la colonne vertébrale. 170 millions d’années plus tard, le crâne et les vertèbres présacrées antérieures furent exposés à l’air libre un certain temps avant qu’ils ne soient découverts par des paléontologues et ont donc été partiellement détruits par l’érosion.
Caractères propres à ce dinosaure
Le crâne d’Eoabelisaurus est principalement représenté par sa partie postérieure, laquelle est haute et présente une orbite ovale, et de grandes fenêtres infratemporales comme chez les autres Ceratosauria. Le toit crânien n’est pas particulièrement épaissi et aucune ornementation crânienne n’est présente. La crête nucale est élevée mais pas autant que chez les abélisaurides plus dérivés. Comme indiquée plus haut, la région antérieure du crâne fut largement détruite par l’érosion, il ne subsiste qu’un fragment du maxillaire droit qui montre que les plaques interdentaires sont fusionnées mais non striées. Les vertèbres cervicales et dorsales sont hautement pneumatisées. Mais l’un des aspects les plus intéressants du squelette de ce très vieil abélisauridé concerne l’anatomie de ses membres antérieurs. Les Abelisauridae du Crétacé sont bien connus pour leurs membres antérieurs extrêmement réduits, surtout les os de l’avant bras (radius et ulna) et de la main, alors que les os du poignet ont eux disparus. La découverte d’Eoabelisaurus donne des informations sur un stade d’évolution ancien de cette réduction des membres. Chez Eoabelisaurus, l’humérus n’est pas réduit et présente une morphologie relativement primitive en ayant une tête articulaire légèrement élargit au lieu de la forme globulaire prononcée observée chez les Noasauridae et les Abelisauridae plus tardifs. Le radius et l’ulna sont courts mais pas autant que chez les abelisaurides du Crétacé. La main présente déjà des caractères dérivés, les métacarpes sont courts et robustes, les phalanges non terminales sont aussi larges que longues et sont dépourvues de surfaces articulaires gynglimoïdales, et les phalanges unguéales sont réduites. Les bras d’Eoabelisaurus ne sont donc pas aussi minuscule que ceux des abelisaurides plus tardifs, mais ils sont déjà exceptionnellement faible, révélant que le raccourcissement des bras des abelisauridés a commencé très tôt dans leur évolution. Cette réduction a apparemment commencé avec la région antébrachiale chez Eoabelisaurus, l’humérus étant de taille normale, alors que le bras inférieur est en comparaison beaucoup plus court, avec une main, des doigts et des griffes très rabougries.
Le plus ancien Abelisauridae ?
- Selon Pol et Rauhut (2012), Eoabelisaurus serait le premier représentant des Abelisauridae découvert dans des terrains du Jurassique. L’âge de la Formation Cañadón Asfalto fut longtemps considéré comme Callovien-Oxfordien (fin du Jurassique moyen - début du Jurassique supérieur), mais plusieurs études récentes (Salani 2007 ; Volkheimer et al. 2008 ; Cabaleri et al. 2010 ; Cúneo et Bowring 2010 ; Zavattieri et al. 2010) ont montré que cette formation géologique est plus ancienne. La base de la formation daterait du Toarcien terminal (= Jurassique inférieur terminal) et le sommet daterait du Bathonien basal (= milieu du Jurassique moyen). Le spécimen d’Eoabelisaurus ne provenant ni de la partie basale, ni de la partie sommitale de la formation, l’âge de ce dinosaure serait comprit entre l’Aalénien et le Bajocien (début du Jurassique moyen), soit environ 170 millions d’années. Avec cette nouvelle datation, Eoabelisaurus reculerait d’au moins 40 millions d’années l’ancienneté du groupe. Cela impliquerait aussi que les divers groupes de cératosaures (‘elaphrosaures’, Ceratosauridae, Noasauridae, Abelisauridae) auraient divergés assez tôt (sans doute au Jurassique inférieur) dans l’histoire évolutive des dinosaures. Mais une analyse phylogénétique menée par Farke et Sertich en 2013, a conduit ces auteurs à exclure Eoabelisaurus non seulement des Abelisauridae, mais aussi des Abelisauroidea. Pour Farke et Sertich, Eoabelisaurus serait un Ceratosauria non-abelisauroïde toutefois proche de ces derniers.
Les contemporains d’Eoabelisaurus
- La Formation Cañadón Asfalto a livrée les sauropodes Volkheimeria et Patagosaurus, les théropodes Piatnitzkysaurus et Condorraptor et l’Heterodontosauridae, Manidens.
Galerie d'images
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Eoabelisaurus mefi, vertèbre cervicale médiane en vue latérale. D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi vertèbre dorsale médiane en vues latérale (A) et antéreure (B). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, vertèbre caudale antérieure en vue dorsale et légèrement antérieure. D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, humérus gauche en vue antérieure (A) et ulna et radius droits articulés en vue médiale (B). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, main gauche (A) et main droite (B) en vue palmaire. D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, ungual du doigt I en vue latérale. D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, extrémité distale des deux pubis articulés en vues latérale (A), distale (B) et postérieure (C). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, extrémité distale des deux ischia articulés en vues latérale (A), distale (B) et antérieure (C). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, extrémité proximale du tibia droit en vue latérale (A, stéréophographie) et proximale (B). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, extrémité proximale de la fibula droite en vues latérale (A, stéréophographie) et médiale (B, stéréophographie). D’après Pol et Rauhut, 2012.
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Eoabelisaurus mefi, métatarsiens gauche en vue dorsale. D’après Pol et Rauhut, 2012.
Publications
- Salani, F.M., 2007. Aporte a la edad de la Formación Cañadón Asfalto, Chubut, Argentina. Ameghiniana, 44(4, supplemento): 65R-66R.
- Volkheimer, W., Quattrocchio, M., Cabaleri, N.G., García, V., 2008. Palynology and paleoenvironment of the Jurassic lacustrine Cañadón Asfalto Formation at Cañadón Lahuincó locality, Chubut Province, Central patagonia, Argentina. Revista Española de Microplaeontología, 40(1-2): 77-96.
- Cabaleri, N., Volkheimer, W., Silva Nieto, D., Armella, C., Cagnoni, M., Hauser, N., Matteini, M., Pimentel, M. M., 2010. U-Pb ages in zircons from Las Chacritas and Puesto Almada members of the Jurassic Cañadón Asfalto Formation, Chubut province, Argentina. South American Symposium on Isotope Geology, Brasília, 25th-28th July 2010, Abstracts:190-193.
- Cúneo, R., Bowring, S., 2010. Dataciones geocronológicas preliminares en la Cuenca Cañadón Asfalto, Jurásico de Chubut, Argentina. Implicancias geológicas y paleontológicas. P. 153. X Congreso Argentino de Paleontología y Bioestratigrafía y VII Congreso Latinamericano de Paleontologia. Museo de La Plata, La Plata.
- Zavattieri, A. M., Escapa, I. H., Scasso, R. A., Olivera, D., Cúneo, R., 2010. Nuevos aportes al conocimiento palinoestratigráfico y palinofacies de la sección inferior de la Formación Cañadón Asfalto en el Cañadón Lahuincó, depocentro de Cerro Cóndor, Chubut, Argentina. Ameghiniana 47:50R.
- Pol, D., Rauhut, O.W.M. 2012. A Middle Jurassic abelisaurid from Patagonia and the early diversification of theropod dinosaurs. Proceedings of the Royal Society B 279: 3170-3175.
- Farke AA, Sertich JJW (2013) An Abelisauroid Theropod Dinosaur from the Turonian of Madagascar. PLoS ONE 8(4): e62047. doi:10.1371/ journal.pone.0062047